Bonsoir, c'est Pointue !

Après la rentrée politique et ses innombrables cérémonies de vœux (on est à deux doigts d'installer un compteur pour celles de Martine Vassal), la rentrée judiciaire bat son plein. Cette semaine, elle a vu le dénouement tant attendu de l'affaire des fausses procurations, tandis qu'aujourd'hui s'est ouvert le procès du plus gros propriétaire du Gyptis, une copropriété dégradée de la Belle de Mai. Et puis il y a cette enquête en cours sur la vente de la villa Mauresque à Cassis, que Marsactu vient de révéler.

Histoire de sortir du tribunal, on savoure quelques brèves croustillantes et on plonge dans les entrailles de l'hôpital Sainte-Marguerite, sur les traces d'un fantôme chapeauté.

Pointue, saison 3, épisode 18, c'est parti !

Cynthia Cucchi

À PICORER

💸 Ça dépense. 90 000 euros. C'est la coquette somme que versera en 2025 la mairie d'Istres à un cabinet de conseil "en stratégie". Remarqué par l'opposition, un appel d'offres pour un marché à procédure adaptée (Mapa) vient d'être publié par la commune. Une forme qui ne nécessite pas un passage en commission des marchés publics. "La Ville d'Istres souhaite s'adjoindre les services d'un cabinet spécialisé dans l'univers public. Dans un contexte politique mouvant et incertain, il est en effet essentiel pour les élus d'Istres de créer et renforcer le lien social avec toutes les composantes de la population istréenne", lit-on dans le cahier des charges de ce marché un peu particulier. La mission devrait s'étaler sur vingt jours par an pendant deux ans, et la collectivité attend que le prestataire soit apte à intervenir "en cas de crise". Comme les élections municipales qui auront lieu dans un an ?

🥊 Ça s'affronte. Il y a désormais deux syndicats FO à la métropole. En septembre dernier, une partie des encartés avaient organisé leur propre assemblée générale pour se séparer du syndicat qui règne en maître sur la métropole et la Ville, sous la houlette de Patrick Rué. Devant la commission des conflits, en janvier, ils ont obtenu la reconnaissance officielle de la confédération FO à Paris. Patrick Rué refuse de reconnaître cette scission. Il a donc organisé sa propre assemblée générale au siège du syndicat ce jeudi, entérinant de fait l'existence de deux syndicats FO concurrents.

🥑 Ça répond. Les avocats du barreau de Marseille poussent un coup de gueule contre le dernier numéro du média d’extrême droite Frontières, intitulé "Invasion migratoire, les coupables". "Sont nominativement dénoncés et jetés en pâture à la vindicte identitaire des avocats, notamment du barreau de Marseille, des magistrats et des justiciables, présentés comme étant les « coupables d’un chaos migratoire »", dénoncent-ils dans un communiqué ce 30 janvier. "Cette délation nous évoque les heures les plus sombres de notre histoire", commente le barreau de MarseilleLes méthodes de Frontières avaient déjà été pointées du doigt en novembre dernier, après une vidéo en caméra cachée au centre de rétention du Canet.

🚇 Ça arrive. La gratuité dans les transports en commun va-t-elle enfin être expérimentée à Marseille ? Ce mercredi 29, la présidente de la métropole Martine Vassal a fièrement posé avec le rapport contenant les conclusions de la commission d’élus qu’elle a créée à la demande de l’opposition de gauche en 2023 pour étudier cette possibilité. Martine Vassal a apparemment survolé le document, car selon une source bien informée, elle va annoncer l’expérimentation de la gratuité pour certains usagers, les enfants et les personnes âgés. Une manière d’accélérer alors que l’extrême droite métropolitaine lui a piqué l'idée, en proposant il y a quelques jours exactement la même chose. Mais, pour l'instant, c'est encore Martine Vassal qui préside la métropole et décide.

DANS NOS FILETS

Vente savonneuse. L'affaire semblait entendue : après un feuilleton politico-judiciaire d'une dizaine d'années, le tribunal administratif actait définitivement, fin 2024, la vente de la villa Mauresque par la Ville de Cassis à la société propriétaire du château voisin. Mais la justice n'en a manifestement pas fini avec cette histoire qui, selon une information de Marsactu confirmée par le parquet, fait désormais l'objet d'une enquête pénale. En cause ? Des soupçons de blanchiment à l'encontre de la société acquéreuse, dont les actionnaires seraient domiciliés dans des paradis fiscaux. De Liverpool à Singapour en passant par l'île de Man, Marie Lagache remonte le fil de cet imbroglio financier qui, cerise sur le gâteau, nous apprend au passage la signification du mot "concussion".

Lire l'enquête →

💬 À votre écoute. Une bonne info, une piste à creuser, une question qui vous turlupine ? Écrivez-nous via pointue@marsactu.fr

LE SUIVI

Procus entre deux chaises. Cinq ans après les faits, l'heure du dénouement judiciaire a enfin sonné dans l'affaire des fausses procurations qui avaient entaché les municipales de 2020. Et il a réservé une surprise de taille : la relaxe de Julien Ravier, l'ancien maire des 11e et 12e arrondissements, pourtant "principal bénéficiaire" d’une manœuvre de fraude aux procurations à grande échelle, y compris dans un Ehpad. Les trois autres élus impliqués — Yves Moraine à droite, Marguerite Pasquini et Roland Cazzola à gauche — écopent quant à eux de peines de prison avec sursis et d'inéligibilité. De fait, ils s'en sortent mieux que leurs équipes, avec lesquelles les magistrats se sont montrés paradoxalement plus sévères. Notre chroniqueuse police-justice Clara Martot Bacry met tout ça au clair.

Lire l'article

Partagez cette newsletter !

Pointue ! et Marsactu n'existent que grâce à celles et ceux qui les lisent. Si ce numéro vous plaît, parlez-en autour de vous grâce aux icônes ci-dessous.

ON A CREUSÉ

Logeur indigne. "Soumission de personnes vulnérables à des conditions d’hébergement contraires à la dignité." Le chef de prévention pour lequel comparaît dès aujourd'hui Majid B., le plus gros propriétaire du Gyptis, dit tout. Mais il paraît presque lacunaire au regard des conditions de (sur)vie auxquelles ont été soumis les locataires de ses 29 taudis. Contraints de lui régler des loyers pouvant atteindre 400 euros pour des studios, alors que l'immeuble, vu son état de délabrement avancé, était frappé d'arrêtés de péril et d'insalubrité interrompant leur paiement. En première ligne sur le logement indigne, Marsactu a forcément creusé le sujet, via la plume de ses deux rédac'chefs. Tandis que Benoît Gilles retrace les enjeux de ce procès emblématique, Coralie Bonnefoy dresse de son côté un état des lieux du Gyptis, désormais vide de ses habitants. Interrogeant le devenir de cette vaste copropriété, longtemps abandonnée à sa propre déliquescence et posée dans l’un des quartiers les plus défavorisés de la ville.

Lire l'article

ÇA SE DISCUTE

"En même temps pour être hilares chez nous suffit d’écouter parler les politiciens et les syndicalistes. C’est gratuit et ils fournissent H24."

Commentaire de Malleus Maleficarum, au sujet de l’arrêté municipal interdisant la consommation de gaz hilarant à Marseille.

LE CLIN D'ŒIL DE CHARMAG

 

LE PLONGEON

Hanté ! L'an passé, on prenait plaisir à suivre ses pérégrinations dans les recoins les plus secrets de Marseille. En 2025, le photographe et journaliste Guillaume Origoni se lance dans une nouvelle exploration urbaine, sur les traces des fantômes qui hantent les hôpitaux de la ville. Le premier revenant de notre Camille Flammarion des temps modernes promène sa "drôle de dégaine" — "chapeau à la Crocodile Dundee et gilet multipoche" — à la nuit tombée dans les couloirs de Sainte-Marguerite. C'est là que Nathalie, infirmière à "Sainte", l'a croisé un soir, pendant son tour de garde. Une rencontre que retrace notre chroniqueur, l'illustrant de superbes photos des entrailles de l'hôpital, dévoilant une ambiance que le regretté David Lynch n'aurait pas reniée.

Lire l'article

ET AVEC ÇA

Mayday. Son ascension fulgurante dans le rap game s'est accompagnée d'un ancrage dans l'imaginaire mafieux, multipliant les références au grand banditisme et aux films de gangsters. Et puis la réalité l'a sinistrement rattrapé. Tentatives de racket, menaces de mort, assassinat de son agent commercial l'été dernier... Contraint de vivre "comme un criminel", le rappeur SCH subit un tel climat de terreur qu'il a quitté Marseille pour "se mettre au vert" à Paris, comme il l'a révélé au Nouvel Obs le 23 janvier dernier. Derrière cette lourde décision, "l'ombre de la DZ Mafia", rapporte Le Monde dans un article édifiant qui revient en détail sur l'affaire SCH. Et sur les méthodes de cette bande organisée, loin d'être aussi sympathique que celle dont faisait partie "le S" en 2020.

On se quitte sur cette actualité "rieuse", et avec une brève piqûre de rappel : il est encore temps de participer à notre enquête de lectorat, pour que Marsactu continue sa mue et change de dimension à vos côtés. Et on vous donne rendez-vous jeudi prochain, même heure, même boîte mail, pour le 80e numéro de Pointue !

D'ici là, si vous avez des infos, des questions, une histoire de fantôme, voire un bon plan immo à Cassis, écrivez à pointue@marsactu.fr.

Rejoignez Marsactu sur les réseaux sociaux !

Cette newsletter vous est proposée par :

9, rue Euthymènes, 13001 Marseille
Lire en ligne - Se désabonner

Ne plus recevoir aucun mail de Marsactu (si vous êtes abonné.e cela peut bloquer des envois importants) : cliquez ici (attention, vous serez désinscrit au clic sans demande de confirmation).