Bonsoir, c'est Pointue !

Lundi, la fatigue pouvait se lire sur les visages de l'équipe de Marsactu. Mais nos cernes et traits tirés recelaient surtout de la joie, pour ne pas dire une certaine béatitude. Cette super fête pour les dix ans d'indépendance de notre média restera longtemps gravée dans nos mémoires. Et on ne vous remerciera jamais assez pour nous permettre d'exister et de pratiquer, au quotidien, ce sport de combat qu'est le journalisme.

Alors n'attendons plus et montons sur le tatami de l'investigation locale ! Cette semaine, on s'intéresse à ces PV imaginaires qui ont essaimé les cités populaires de Tarascon, on découvre le nouvel épisode les nouveaux épisodes de la saga 13 Habitat, et on prend des nouvelles du pôle psychiatrie de l'AP-HM.

Pointue, numéro 89, c'est parti !

Cynthia Cucchi

À PICORER

🧮 Ça recalcule. Dans le texte adopté par l’Assemblée nationale sur la réforme de la loi PLM — qui régit le mode de scrutin pour les municipales à Marseille —, il y a des nouveautés. Outre le passage de 101 à 111 élus au conseil municipal, les députés ont voté une nouvelle version du tableau avec le nombre de sièges de conseillers d’arrondissements par secteur pour "tenir compte des évolutions démographiques". Le rapporteur du texte, Jean-Paul Mattei (Modem), s’est basé sur "la méthode de répartition proportionnelle à la plus forte moyenne (méthode d’Hondt), traditionnellement utilisée". En bref, le 1er secteur passe de 33 à 25 sièges, le 2e de 24 à 27, le 3e reste à 33, le 4e de 45 à 42, le 5e de 45 à 47, le 6e de 39 à 43, le 7e de 48 à 53, et enfin le 8e de 36 à 33. Bref, pour les électeurs, ça ne change pas grand-chose, mais pour ceux qui doivent composer les listes, il faudra adapter le nombre de copains à (re)caser, en trouvant des nouveaux ou en se débarrassant de certains.

Ça rétropédale. 13 Habitat, ton univers impitoyable. Ce n’est plus un roman, ni même une série, c’est une saga. Nouveau rebondissement dans la folle aventure de la gouvernance du bailleur social 13 Habitat présidé par l’élue, ex-LR et désormais sans étiquette, Nora Preziosi. Le 26 mars dernier, dans un mail au ton très martial envoyé depuis son adresse personnelle au sein de l’office, elle annonce avoir réuni son conseil d’administration pour décider notamment du licenciement pour faute grave de Jean-Louis Ervoes, conseiller spécial du directeur général (lui-même mis à pied). Licencié, Jean-Louis Ervoes ? Non, pas du tout, rétropédale la direction de 13 H, par un mail, le jeudi 10 avril, de son DG par interim. "Différents articles de presse sont parus concernant 13 Habitat. Je tiens à préciser qu’à ce jour, M. Jean-Louis Ervoes n’est en aucun cas licencié, il y a eu une erreur matérielle dans les articles qui sont parus. En effet, ce dernier est actuellement absent du fait d’arrêt maladie (sic)." Ah, voilà, tout s’explique. C’est donc la faute à la presse qui n’a rien compris et non pas à la présidente qui aurait hâtivement communiqué.

DANS NOS FILETS

Amendes amères. "Vengeance" ? "Pression hiérarchique" ? Difficile de déterminer ce qui a poussé quatre policiers de Tarascon à dresser des PV imaginaires à l'encontre d'une quinzaine de personnes, majoritairement issues des quartiers populaires de la ville. Dont ils prenaient en photo les cartes d'identité lors de contrôles aléatoires, avant de les verbaliser quelques jours plus tard pour un usage de stupéfiants inexistant. Déjà condamné en 2021 pour des faits de même nature, le principal mis en cause, alors chef de l'unité, a écopé de deux ans de prison, dont 18 mois de sursis, ainsi que d'une interdiction d’exercer le métier de policier. Et si les autres prévenus, poursuivis pour "complicité de faux en écriture publique", sont quant à eux autorisés à retourner au commissariat, voilà une nouvelle affaire qui marque mal pour la police, après la mise en examen début avril de deux agents marseillais de l’office anti-stupéfiants (Ofast) pour des faits de corruption présumée. Et ce, alors qu'il ne manque plus qu'une petite étape avant que la loi "visant à sortir la France du piège du narcotrafic" ne soit définitivement adoptée par le Parlement.

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💬 À votre écoute. Une bonne info, une piste à creuser, une question qui vous turlupine ? Écrivez-nous via pointue@marsactu.fr

LE SUIVI

Temps pis. "Sur-le-champ", "immédiatement", "aussitôt"... Les synonymes de l'expression "sans délai" dans les dictionnaires de langue française n'affichent aucune ambigüité. Mais 13 Habitat en a manifestement une autre définition. Car la direction de l'office HLM a pris son temps avant de se conformer à l'article 40 du Code pénal, qui oblige toute autorité publique ayant connaissance de faits délictueux ou criminels à en informer "sans délai" le procureur de la République. Au moins neuf mois, puisque c'est en juillet 2024 que Marsactu révélait l'attribution d'un logement social à la mère de Nora Preziosi et les très coûteux travaux "de relocation" l'accompagnant, dans un article auquel la présidente de 13 Habitat avait pourtant réagi. Mais cette dernière a préféré attendre le rapport du "gendarme du logement social", l'Ancols, en février dernier, pour dénoncer les montants exorbitants des travaux effectués au domicile de sa mère, imputant ces surfacturations à une volonté de lui "nuire". Même si, à notre connaissance, 13 Habitat n'a déclenché aucune enquête interne à ce sujet.

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ON A CREUSÉ

Mental malade. Déjà au bord de la crise de nerfs à cause d'un manque d'effectifs criant, le pôle psychiatrie de l'AP-HM laisse paraître de nouveaux symptômes. Un dispositif d'écoute lancé par la direction en octobre dernier a débouché sur quatre enquêtes internes mettant en cause des médecins. Et "si nous sommes très loin de l'affaire Adida", explique le président de la commission médicale d’établissement en référence au psychiatre de l'AP-HM récemment condamné à douze ans de réclusion criminelle pour des viols sur des patientes, les faits présumés sont "graves", comme le mentionne le communiqué de l'hôpital public marseillais lui-même. Malgré "l'omerta" régnant au sein du milieu médical, notre journaliste Violette Artaud est parvenue à déterminer que plusieurs témoignages faisaient état de "harcèlement" et de "comportements inadaptés au travail". Un psychiatre évoque même auprès d'elle une "agression physique sur un patient" et un "management toxique". Autant de maux qui semblent ronger l'AP-HM de l'intérieur.

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ÇA SE DISCUTE

"6€ ?!?!? Il devrait y avoir des lustres en cristal à l’intérieur ! Sérieux"

Commentaire de de mars_attack__ sur Instagram, au sujet de la gestion des tunnels marseillais, qui permet aux actionnaires d’une filiale de Vinci et Eiffage d’engranger des millions. 

LE CLIN D'ŒIL DE CHARMAG

 

LE PLONGEON

Aux abonnés présents. Où l'on se retourne une dernière fois sur cette inoubliable journée du samedi 5 avril, qui a vu quelque 600 personnes nous rejoindre aux Grandes Tables de la Friche pour célébrer, avec toute l'équipe de Marsactu, les dix ans de la reprise du journal par ses salariés. Et vous dire encore une fois merci. Merci de nous lire, de nous soutenir, et pour la qualité des interventions qui ont suivi nos trois rencontres — chacune autour d’une enquête emblématique de Marsactu — et le grand débat sur l'indépendance des médias avec nos héroïques partenaires de Mediapart et Disclose. À qui nous disons aussi toute notre gratitude, pour le compagnonnage et l’émulation qu’ils nous offrent. Tout comme à Matteo (Chinese Man) et Angelina, qui ont prolongé la fête avec leurs bonnes ondes éclectiques. Avant de poursuivre notre combat quotidien pour pérenniser Marsactu, on vous invite à (re)vivre cette journée avec un roman-photo plein de sourires, réalisé grâce aux images lumineuses d'Emilio Guzman.

Parcourir le roman-photo →

ET AVEC ÇA

Libres cours. La musique originale du podcast Eaux-vives n'est pas sans rappeler le générique culte de la série The White Lotus, première saison. Et les personnages de ce feuilleton documentaire n'ont rien à envier à ceux du show américain. Soit une fratrie au caractère bien trempé, d'aucuns diraient "méditerranéen", dont les "excès" imprègnent notre territoire. Il y a là la "nerveuse" Cadière, "l'enfant infernal du trio" ; la Touloubre, "plus secrète", d'apparence "tranquille, mais dont il faut se méfier" ; et puis l'Arc, "le grand frère", un "coquin" qui n'hésite pas à se balader en ville, à Berre en l'occurrence. Et si le "syndicat" de ces cours d'eau, l'établissement public Menelik, à l'initiative du podcast, les personnifie ainsi, c'est pour "les considérer comme nos égaux" et "réconcilier l'homme avec les rivières". Défi relevé avec brio dans cette balade sonore en quatre épisodes, qui révèle les enjeux environnementaux et humains liés à ces fleuves (ils se jettent dans l'eau salée), bel et bien vivants.

On espère que ce 89e épisode de Pointue vous a plu, et on vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau numéro, avec de vrais morceaux d'investigation locale dedans.

D'ici là, pour toute question, info ou bon plan pour acquérir des actions de la Société marseillaise du tunnel Prado Carénage, écrivez à pointue@marsactu.fr.

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