Pointue !, 99e numéro
En décidant de faire un 99e numéro de Pointue dans un été déjà bien avancé, histoire de fêter le centième à la rentrée, on imaginait difficilement avoir beaucoup de matière. En fin de compte, l'actualité nous a rattrapés, voyant se succéder un premier jugement historique dans le procès du drame de la rue d'Aubagne et un gigantesque incendie dans les quartiers Nord de Marseille. |
Fortement mobilisée sur ces deux événements, la rédaction de Marsactu s'est tout de même débrouillée pour dénicher une info exclusive, révélant qu'un élu d'extrême droite condamné pour violences conjugales était référent égalité filles-garçons dans un collège marseillais. Au sommaire également de cette newsletter, un reportage auprès d'exilés LGBT, un documentaire sur la dent creuse à Noailles et quelques brèves croustillantes à picorer en avant-première. |
Pointue, épisode 99, c'est parti ! |
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🔥 Ça s'enflamme. La température était élevée, ce mardi 8 juillet, au poste de commandement des opérations de lutte contre l’incendie qui ravageait la colline entre le Nord de Marseille et Les Pennes-Mirabeau. Et pas qu’en raison du feu ! Entre le maire divers gauche de Marseille, Benoît Payan, et le préfet de région, Georges-François Leclerc, l’ambiance était chaude-bouillante. Au point de voir parfois, comme Marsactu en a été témoin, leurs échanges s’enflammer. En cause, la communication devant la presse, sur fond, évidemment, de répartition des rôles entre les deux institutions. Gageons qu’entre ces deux hommes à forte personnalité, le dialogue n’a pas fini de faire des étincelles. |
🌳 Ça (se) plante. Benoît Payan a eu une idée. Pour chaque naissance à Marseille, il va offrir "la possibilité aux parents de recevoir un olivier, ou de confier à la Ville la plantation d’un plant forestier méditerranéen dans un parc municipal". La mesure va être votée lors du conseil municipal de ce vendredi 11 juillet. Cette annonce a, sans surprise, immédiatement suscité des critiques de son opposition de droite. Notamment celle du conseiller municipal Pierre Robin sur X. Pourtant, cette idée était déjà dans le programme pour les municipales de 2020 de… Martine Vassal, aujourd'hui meilleure ennemie du maire en tant que présidente de la métropole et membre du même groupe d'opposition que Pierre Robin. |
🎣 Ça hameçonne. La vente devait rapporter 1,6 million d'euros à la Ville d'Aubagne, mais elle attend toujours l'argent, un an et demi après... Dans son rapport sur la gestion de cette commune lourdement endettée, la chambre régionale des comptes narre le détournement dont elle a été victime à l'occasion de la cession d'un terrain au conseil départemental des Bouches-du-Rhône : la boîte mail d'un agent a été piratée et utilisée pour transmettre un RIB au notaire. Ce dernier n'a pas vérifié outre mesure, tancent les magistrats, et l'argent du département a profité au fraudeur. La majeure partie a tout de même pu être saisie par l'agence spécialisée de l'État, en attendant de revenir à la commune. Mais 425 000 euros se sont évaporés et, dans l'attente du résultat des poursuites pénales, on ne sait pas encore qui en supportera les frais. |
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Solide référence. "Je ne vois pas pourquoi cela vous intéresse." Curieuse réaction que celle de Romain Brument quand notre corédactrice en chef Coralie Bonnefoy l'a contacté au sujet de sa mission de référent égalité filles-garçons au collège Arthur-Rimbaud, dans le 15e arrondissement de Marseille. Le professeur d'histoire-géo, par ailleurs élu d'extrême droite à la mairie des 13/14, a récemment été condamné pour des faits de "violence sur conjointe, en présence d’un mineur". Dès lors, la question de sa présence à ce poste censé assurer un "climat serein" et un "cadre protecteur" ne semble pas infondée. Mais Romain Brument, lui, ne voit pas d'incompatibilité entre le fait de mener "des ateliers sur la pornographie, les orientations sexuelles, les violences sexistes..." et ses propres violences conjugales, qu'il a reconnues devant la justice. Au grand dam de ses collègues, qui ressentent pour leur part un "profond malaise". |
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💬 À votre écoute. Une bonne info, une piste à creuser, une question qui vous turlupine ? Écrivez-nous via pointue@marsactu.fr |
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Jugement premier. C'est un euphémisme de dire que le jugement était attendu. Lundi 7 juillet, après six semaines de débats en fin d'année dernière et presque sept mois d'attente, le tribunal de Marseille a livré les premières conclusions judiciaires sur les effondrements de la rue d'Aubagne, le 5 novembre 2018. Les réactions des parties civiles aux multiples condamnations prononcées par le président Pascal Gand, afin de sanctionner "l'indifférence déplorable" des principaux prévenus, sont évidemment contrastées. Certains saluent une décision "équilibrée" quand d'autres ne cachent pas leur déception, voire leur colère, à l'instar des parents de Julien Lalonde Flores, dont les propriétaires ont été relaxés, mais pour qui le combat n’est "pas du tout terminé". Quoi qu'il en soit, ce jugement est inédit à plus d'un titre, comme le souligne Benoît Gilles dans un article qui en décrypte la portée politique sans précédent. D'abord parce qu'il met en cause, pour la première fois dans un procès de ce type, la responsabilité directe d'un élu dans la mort de huit personnes dans un dossier de mal-logement, condamnant plus largement la Ville de Marseille en tant qu’entité administrative. Ensuite parce qu'il établit un préjudice collectif pour "destruction du cadre de vie" à Noailles. Une première là encore, ouvrant enfin la voie à une réparation. |
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À l'épreuve du feu. Ce mardi 9 juillet, l'incendie qui s'est déclaré aux Pennes-Mirabeau peu avant 11 heures du matin est aux portes de Marseille quand Marsactu décide de lancer un live pour suivre au plus près l'avancée de la situation. Tandis que Coralie Bonnefoy part rejoindre préfet, maire et présidente du département au PC sécurité à Saint-Antoine, Benoît Gilles entreprend de sillonner, à pied, les quartiers Nord de la ville. À la rédac', on guette chacune de ses interventions avec un mélange d'inquiétude et d'impatience. Inquiétude parce qu'à vrai dire, on ne sait jamais où se situe au juste notre corédacteur en chef, quelque part entre le lycée Nord et la Castellane, disparue derrière un épais panache de fumée. Impatience parce que ses messages — tout comme ses photos, saisissantes — donnent corps à son sujet, nous plongeant au cœur de l'événement comme si on y était. À l'image du reportage qu'il en a tiré, lequel nous emmène dans les rues désertes et les champs de cendres où, sur fond de vrombissements d'hélicoptères, la solidarité s'organise entre les habitants. |
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"De la poudre de Perrin pimpim ?" |
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Dur·es à queer. Samedi dernier, elle a participé à sa première Pride. Mais, avant d'afficher sa fierté "de montrer au monde ce [qu'elle est]", Dora aura traversé bien des épreuves : la réprobation de sa famille qui qualifie son homosexualité de "malédiction", la "maltraitance" généralisée dans son pays, les menaces de mort... Jusqu'à l'exil, à Marseille, où la jeune femme d’origine camerounaise a "appris à manifester [son] ressenti et [ses] envies". Notamment auprès de Refuge migrant·es LGBTQ+, qui vient en aide aux demandeurs d'asile persécutés dans leur pays natal en raison de leur orientation sexuelle. À l'occasion du Festival de Marseille, l'association propose une exposition à la Compagnie, Le Chemin des fous, dont les œuvres ont en partie été réalisées par des personnes exilées comme Dora. Lesquelles trouvent là, quand elles n'ont pas les mots ou que le récit de leur parcours est encore trop douloureux à évoquer, les moyens de s'exprimer "avec la danse, le dessin ou la vidéo". |
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Du cœur au "ventre". "On a l'impression que le sol est en train de bouger. (...) Il y a urgence, clairement." C'est par ses mots — et les images alarmantes d'Abdelghani M., locataire au 65 rue d’Aubagne, réalisées quelques minutes avant l'effondrement — que s'ouvre le documentaire La Dent creuse d'Orianne Ciantar Olive, Nicolas Serve et Hazem El Moukaddem. Ce dernier, figure du centre-ville de Marseille, y fait le récit de cette épouvantable journée du 5 novembre 2018, lors de laquelle "des immeubles de pauvres sont tombés sur des pauvres". Le film, diffusé par notre partenaire Mediapart à l'occasion du délibéré concernant le drame de la rue d'Aubagne, donne la parole à six femmes, habitantes de Noailles, qui se réapproprient leur histoire et racontent tout autant l'effroi et la colère que la solidarité qui a vu jour dans le "ventre de Marseille" après la catastrophe et qui perdure aujourd'hui encore. Écrivant ainsi une nouvelle page de la "mémoire populaire". |
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Pointue, 99e épisode, c'est fini pour aujourd'hui — et pour la saison ! Non sans vous souhaiter de passer un bel été, on vous donne rendez-vous en septembre prochain pour aborder la dernière ligne droite avant les municipales 2026. |
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