Pointue !, 87e numéro
Mercredi après-midi, le sommaire de cette newsletter vient d'être bouclé quand un énième rebondissement survient dans l'affaire 13 Habitat, créant un branle-bas de combat dans la rédaction de Marsactu. Quelques heures plus tard, Coralie Bonnefoy revient du boulevard National avec des suspicions de fraude à la sécu dans sa musette. Et voilà Pointue de nouveau chamboulée par l'actu locale bouillonnante. |
Cette semaine, on a aussi creusé le projet Rhône Décarbonation, qui prévoit d'enfouir des tonnes de CO2 sous la mer, et on se penche sur l'avenir très incertain de l'église Saint-Maurice à Pont-de-Vivaux. |
Pointue, saison 3, épisode 26, on y va ! |
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🏆 Ça décerne. "Cher Rodolphe, on te voit." Une lettre adressée par les carnavaliers de la Plaine à Rodolphe Saadé, PDG de l’armateur CMA CGM et actionnaire majoritaire du quotidien régional La Provence, commence par ces mots. Dans cette épître particulièrement bien troussée et intitulée Rodolphe arrête ton char, les organisateurs du carnaval autonome moquent le fait, révélé par Marsactu, que le quotidien a sciemment passé sous silence la présence d’un char à l’effigie de la tour CMA CGM et du grand patron lors de l’événement. Ils décernent au passage le prix du "Meilleur espoir cosmétique 2025" à la charte d’indépendance signée par le journal (et manifestement foulée aux pieds). Et ils octroient à Olivier Biscaye, le directeur de la rédaction de La Provence, le prix "Fer à repasser 2025" pour ne pas avoir voulu froisser l’égo de son boss.
📷 Ça communique. Les habitants des 1er et 7e arrondissements ont tous reçu ces derniers jours un prospectus de la mairie de secteur, proposant de "rester en contact" et vantant sur papier les liens vers les réseaux sociaux de la mairie du centre-ville. La maire (GRS) du secteur, Sophie Camard, a réussi l'exploit d'apparaître cinq fois en quatre pages sur les photos d'illustration. Rien à voir avec la campagne électorale qui s'annonce. |
◀️ Ça revient. Ce jeudi matin, une silhouette familière accompagnait la ministre de la Ville, Juliette Méadel, au parc Kalliste. Cheveux blancs et costume bleu, il s'agit de Laurent Carrié, ancien préfet délégué pour l'égalité des chances, notamment chargé du suivi du plan Marseille en grand. Il est désormais à l'Élysée, où il officie en tant que conseiller "territoires" du président Macron. Ce jeudi, il escortait la ministre sur des "territoires" qu'il connaît bien, les grands ensembles des quartiers Nord. Il en a profité pour rencontrer Renaud Muselier et Martine Vassal, pour une revue des grands projets en cours. |
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Pièces détachées. Un puzzle aux relents racistes a discrètement disparu de la vitrine des archives municipales de Marseille ces derniers jours. Destiné aux enfants de plus de cinq ans, le jeu reprenait une illustration de l’exposition coloniale de 1906. L’objet était vendu "sans aucun contexte, ce qui est d’une grande violence", ont dénoncé le 14 mars des habitants du 3ᵉ arrondissement, notamment via le comité antifasciste du 13, dans une lettre ouverte adressée au directeur des archives et consultée par Marsactu. Ce dernier, Olivier Huet, est rendu "responsable de la violence subie en voyant ce puzzle, qui montre un homme noir dans un état délabré avec des traits caricaturaux et animalisants". Après vérification sur place de notre part, l’alerte a poussé la structure à retirer le jeu de la vente. |
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Filous dentaires. Ils avaient beau être peu fréquentés, pour ne pas dire déserts, les feuilles de soin envoyées à la sécu par ces deux centres dentaires du boulevard National étaient, elles, innombrables. Selon une salariée de l'un d'eux, les montants facturés pouvaient dépasser les 50 000 euros par jour. “Comme si en une journée, vous vous faisiez refaire toutes les dents !”, souffle une de ses collègues à notre corédactrice en chef Coralie Bonnefoy. Depuis le rachat des deux espaces médicaux par une nouvelle équipe dirigeante en novembre 2024, le désarroi règne parmi leurs employés d’accueil et assistants dentaires. Les praticiens, eux, ont mis les voiles en apprenant les opérations pour le moins suspectes de la nouvelle gouvernance, qui aurait indûment facturé plus de 1,5 million d'euros de soins à l'Assurance maladie. La caisse primaire et l'Agence régionale de santé ont lancé des enquêtes après divers signalements sur ces malversations présumées. |
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💬 À votre écoute. Une bonne info, une piste à creuser, une question qui vous turlupine ? Écrivez-nous via pointue@marsactu.fr |
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13 alambiqué. Nouveau rebondissement dans le feuilleton 13 Habitat. Et il est de taille. À tel point que plusieurs heures après avoir obtenu l'info, notre corédacteur en chef Benoît Gilles secouait encore la tête en prononçant le mot "incroyable" pour la énième fois. En cause : l'annonce par la présidente de l'office HLM, Nora Preziosi, de la mise à pied de son directeur général et du licenciement pour faute grave de l'ancien directeur, devenu conseiller spécial de son successeur. Pour justifier cet étêtage du bailleur social, la conseillère départementale met en avant les conditions de rémunération possiblement délictueuses de ce dernier. Mais aussi, plus surprenant, les surfacturations de travaux réalisés au domicile de sa propre mère, dans une résidence de 13 Habitat. Dans son communiqué, l'élue indique avoir découvert le montant astronomique des loyers impayés et le niveau élevé de la vacance au sein de l’office, deux données pourtant difficiles à cacher. Autant d'éléments qui devraient animer l'assemblée plénière du conseil départemental ce vendredi, Martine Vassal ayant jusqu'à présent refusé de commenter la tempête politico-judiciaire que traverse l'office sous tutelle de la collectivité qu'elle préside. |
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Gaz de schisme. À l'exception de quelques illuminés climatosceptiques, tout le monde s'accorde sur l'urgence à décarboner l'industrie. Et les projets ne manquent pas de fleurir en ce sens, a fortiori dans des zones à fortes émissions de gaz polluants. Tous ne sont cependant pas sans impact sur l'environnement. Qu'en sera-t-il de Rhône Décarbonation ? Le projet, dont la concertation a démarré cette semaine, prévoit la reconversion d’un pipeline de la vallée du Rhône pour transporter une partie du CO2 émis par les usines situées entre Lyon et Marseille jusqu’à Fos. Dioxyde de carbone qui sera ensuite liquéfié, avant d'être envoyé vers des sites de stockage sous le plancher de la Méditerranée. Mais le futur "aspirateur à CO2" ne convainc guère les associations écologistes, qui s'inquiètent du bilan carbone global de l'opération, de la pérennité du stockage géologique ou des conséquences sanitaires possibles lors de fuites sur les pipelines. Préoccupations balayées de manière lapidaire par les acteurs de Rhône Décarbonation. Il faut dire que ce type de projets est aussi une occasion pour l’industrie locale de se relancer, en profitant d'un soutien infaillible de l'État. |
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"C’est pour résorber cette vacance que Mme Preziosi a fait accorder un logement à sa maman…" |
Commentaire de Andre, au sujet du niveau élevé de la vacance au sein de 13 Habitat, qui traverse une tempête politico-judiciaire sans précédent. |
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Archi flou. L'édifice détonne dans le quartier de Pont-de-Vivaux. Et, comme en témoignent les commentaires de l'article de Coralie Bonnefoy, il en est peu pour admirer son architecture étonnante, qui lui donne des airs de "vaisseau renversé". Bernard Franchi, lui, l'"adore". Même si le retraité pense que ladite architecture n'est pas étrangère à la décision du diocèse de Marseille de vendre l'église Saint-Maurice. À moins que cette prochaine cession ne réponde au "besoin d’éponger le coût de la visite du Pape qui a grevé le budget du diocèse !", tente le paroissien qui, avec son épouse Corine, a créé un collectif et lancé une pétition pour protéger les lieux. Car le flou règne sur le devenir du bâtiment et de la parcelle qu'il occupe. D'où la volonté du collectif — soutenu par la Ville, qui n'exclut pas de le préempter — de décrocher son classement en monument historique ou l’obtention du label architecture contemporaine remarquable. En attendant, chacun imagine les futurs possibles de cet édifice si singulier... |
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13 utiles. Pour le premier numéro de sa nouvelle émission Notre futur a de l'avenir, consacrée aux initiatives locales qui participent à la transformation écologique et sociale du pays, LCP pose ses caméras en Provence. À Aix d'abord, où l'héritière des calissons du Roy René est en train de recréer la filière perdue des amandiers provençaux. Puis à Marseille, à la rencontre de Julie, qui sauve des fruits et légumes victimes de leur "sale gueule" pour en faire des produits cosmétiques bio, ainsi que du fondateur de l'asso Clean my Calanques et de celui de la start-up LitterSnap, dont le logiciel dopé à l'IA permet de cartographier avec une infinie précision l'emplacement des déchets, facilitant ainsi leur nettoyage. |
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Pointue, numéro 87, c'est fini pour aujourd'hui ! On vous donne rendez-vous jeudi prochain, même heure, même boîte mail, non sans vous avoir rappelé que la fête pour les dix ans d'indépendance de Marsactu approche à grands pas, et qu'il est encore temps de vous inscrire afin de célébrer ça avec nous, le 5 avril à la Friche ! |
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