Bonsoir, c'est Pointue !

Les plus assidus d'entre vous ouvrent cette newsletter pour la 80e fois. Et on célèbre ce numéro symbolique avec le retour sur nos écrans d'une série remarquable. Non, pas Bref, mais nos enquêtes au long cours réunies sous le nom de L'Emprise, dont la saison 2 élargit encore la focale sur la mainmise des réseaux de narcotrafic sur la ville.

Cette semaine, on vous emmène aussi à Aurons, où le maire, renvoyé devant la justice pour de nombreuses atteintes à la probité, vient de se voir refuser la protection fonctionnelle, ainsi qu'au siège de la métropole, théâtre d'une lutte intestine au sein d'un puissant syndicat. Et puis on plonge dans l'histoire de Marseille, en explorant deux de ses facettes peu glorieuses : son passé colonial et la présence d'un bastion fasciste en plein centre-ville, à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

Pointue, épisode 80, allons-y !

Cynthia Cucchi

À PICORER

🚧 Ça éloigne. Il y a quelques mois, Marsactu révélait que le Biaou des Aygalades présentait encore des traces importantes de chrome VI, une molécule cangérogène, vestige de la présence d'une usine de peintures industrielles, plus haut dans la vallée. Or, la présence avérée de ce polluant dans la faune et la flore du petit fleuve a un impact sur les parcs en projet dans le secteur Euroméditerranée. Dès cette année, les travaux de la deuxième partie du parc Bougainville doivent commencer avec, à terme, une rivière accessible au public. "Si la présence de polluants persiste, alors des mesures de non-accès au cours d'eau seront envisagées", reconnaît Laure-Agnès Caradec, la présidente d'Euroméditerranée. Avec l'espoir que le délai des travaux des parcs Bougainville et des Aygalades laisse le temps de réduire cette pollution.

🗞️ Ça distribue. Gérer une collectivité, c'est aussi savoir communiquer sur ce qu'on fait. À ce titre, la Ville de Marseille vient de lancer un marché pour "développer la diffusion des documents ou des objets promotionnels qu'elle produit". Ce marché vise à diffuser plus largement "le journal municipal", des "flyers" et des "programmes" auprès des Marseillais, dans les "villes constituant la métropole Aix-Marseille", voire certaines "de la région Sud". Savoir faire et faire savoir, à un an des élections, cela sert toujours.

🚴 Ça rétropédale. L’ancien député aixois Mohamed Laqhila (Modem) a complètement changé d’avis en 48 heures sur la réforme de la loi PLM, qui détermine le mode de scrutin électoral à Marseille. Le mardi 4 février, il dégaine un communiqué de presse pour évoquer "un risque constitutionnel majeur à un an des municipales". Problème : cette réforme est poussée par le Premier ministre François Bayrou, le patron du parti dont, comme il le rappelle dans la signature de son texte, il est membre du bureau national. Alors, le jeudi 6 février, il reprend sa plume, mais cette fois pour dénoncer “l’opposition ferme de certaines figures politiques locales". Salto arrière. "Alors que la proposition de loi que j’avais (...) déposée suscite de nombreux débats", écrit-il par ailleurs. Toutefois, ce n’est pas son texte dont il est question aujourd’hui, mais celui d’un parlementaire parisien, car, pour rappel, Mohamed Laqhila a perdu son siège de député cet été. Double salto arrière.

DANS NOS FILETS

Emprise multiple. Elle en aura écumé, des salles d'audience, entre Aix et Marseille. Et elle en aura vu, des signes qui alertent sur l'état de la justice locale, submergée à tous les niveaux : enquêtes à rallonge, prisons surpeuplées, procès repoussés. Notre journaliste Clara Martot Bacry inaugure magistralement la saison 2 de la série L'Emprise, consacrée à la mainmise des réseaux de trafics de stupéfiants à Marseille, avec une enquête complète qui s'attache à recenser les impacts sur la justice du narcotrafic et de la politique du "tout répressif" censée le mettre à mal. Alors qu'une loi vient d'être votée sur le sujet, comptes-rendus d'audience et témoignages d'avocats spécialisés nous éclairent sur une situation désastreuse qui, face à un tsunami d’affaires criminelles, n'est pas près de s'améliorer de sitôt.

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💬 À votre écoute. Une bonne info, une piste à creuser, une question qui vous turlupine ? Écrivez-nous via pointue@marsactu.fr

LE SUIVI

Aurons dans l'eau. Pour la plupart d'entre eux, ils ne sont pas là de gaieté de cœur. Le premier adjoint de la commune d'Aurons se dit même "choqué", "écœuré", "scandalisé" par l'ordre du jour. À savoir : annuler une précédente délibération accordant la protection fonctionnelle au maire, André Bertero. Qui, comme Marsactu l'a révélé, est renvoyé devant la justice pour un quasi-grand chelem d'atteintes à la probité : faux et usage de faux, escroquerie, prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics. Il aura fallu l'intervention du préfet d'Aix pour que les collègues d'André Bertero se résolvent à retirer la délibération incriminée. De la même façon qu'il avait fallu celle du tribunal administratif pour qu'ils consentent à ce que la commune se constitue partie civile devant la justice, malgré un préjudice estimé à près de deux millions d'euros. Toujours pas convaincus, ils pourraient écrire encore quelques épisodes de cette histoire rocambolesque d'ici à l'audience de l'édile devant le tribunal correctionnel, en juin prochain. Promis, on sera là pour vous raconter.

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ON A CREUSÉ

FO frères. C'est une info qu'on vous révélait dans Pointue la semaine passée : depuis le 30 janvier, il y a deux syndicats FO à la métropole. Le premier est né en septembre dernier, lors d'une assemblée générale réunissant certains encartés désireux de se séparer du syndicat qui règne en maître sur la Ville et la métropole sous la houlette de Patrick Rué. Refusant cette scission, le tout-puissant patron local de Force ouvrière a créé à son tour une section métropolitaine. Notre co-rédac'chef Benoît Gilles décrypte les multiples enjeux de ce conflit désormais judiciaire, qui dépasse largement les frontières de notre territoire. Et qui se double d'une bataille politique au niveau local, entre proches de Benoît Payan et profils "Vassal compatible". À un an des municipales, cette guerre fratricide n'en est peut-être qu'à ses prémices...

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ÇA SE DISCUTE

"Ça m’évoque le mot prêté à Mauriac : “j’aime tellement l’Allemagne que je préfère qu’il y en ait deux”."

Commentaire de Electeur du 8e, au sujet de la coexistence de deux syndicats FO à la métropole.

LE CLIN D'ŒIL DE CHARMAG

 

LE PLONGEON

Le temps béni décolonial. Début 2024, Margaux Mazellier livrait en avant-première à Marsactu quatre des 33 portraits de femmes composant son livre Marseille trop puissante, paru depuis aux éditions Hors d'atteinte. Cette année, la journaliste retrouve nos colonnes avec une chronique qui explore la diversité des combats pour l’égalité à Marseille, à travers des portraits intimes de militantes, activistes et citoyennes. Pour le premier épisode de Marseille fait genre, elle revient avec Mariam Benbakkar sur le parcours militant de cette artiste, autrice et curatrice franco-marocaine. Une trajectoire irriguée par les enjeux anticoloniaux, qui l'aura menée de l'Auvergne au Maroc, en passant par le Canada. Jusqu'à Marseille, où la cofondatrice du collectif Filles de Blédards plonge dans l'histoire coloniale de la ville, qu'elle cherche à transmettre à travers performances et autres visites guidées.

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ET AVEC ÇA

Fascio de !. Rien, aujourd’hui, ne rappelle le passé fasciste des lieux. Et pourtant, au mitan des années 1930, à Marseille, "le fascisme s'est installé dans la pierre". C'est ce que nous apprend Stéphane Mourlane, maître de conférence en histoire contemporaine à Aix-Marseille Université, dans un épisode passionnant du podcast Paroles d'histoire consacré à son ouvrage Fascisme et Italiens de Marseille. La Casa d'Italia. Construite ex nihilo en 1935, la Casa d'Italia, que l'on connait aujourd'hui sous le nom d'Institut culturel italien, symbolise la volonté mussolinienne "d'envoyer le génie glorieux de la race italienne à travers le monde". Siège du consulat transalpin, mais aussi du fascio, la section locale du Parti national fasciste, cet imposant complexe architectural de 4 000 m² est alors fréquenté bien au-delà du cercle en fait très restreint des adeptes de chemises noires. Car c'est aussi une maison de bienfaisance, où l’on peut être nourri, soigné, instruit, cultivé et diverti gratuitement. Pendant plus d'une heure très riche d'enseignements, Stéphane Mourlane déroule l'histoire, pour le moins ambiguë, des lieux, évoquant tour à tour "Marseille l'anarchiste", la politique de "l'italianité" menée par le Duce, les débats sur l'existence d'une architecture fasciste... et même les raisons de l'installation d'Yves Montand dans la ville.

Pointue, 80e du nom, c'est fini pour aujourd'hui ! Rendez-vous jeudi prochain, même heure, même boîte mail, pour une nouvelle plongée dans l'arène de l'info locale.

En attendant, pour toute question, info ou carte d'encarté FO à recycler, écrivez à pointue@marsactu.fr.

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