Bonsoir, c'est Pointue !

Cette semaine, notre territoire se conjugue à tous les temps dans Marsactu. Il est d'abord question du présent, avec ces quantités astronomiques de "polluants éternels" déversées dans l'étang de Berre par une usine de pétrochimie. Mais on se projette aussi dans l'avenir, avec le futur tramway de la Belle de Mai, dont le tracé, encore indécis, va redessiner une partie des quartiers Nord de Marseille.

Le passé s'est également invité à la une de notre média, avec le procès-fleuve pour harcèlement moral de Patrick Casse, dont la mainmise sur le vaisseau amiral des bibliothèques marseillaises aura duré plusieurs décennies. Heureusement, l'exposition consacrée à la famille Detaille nous permet une fascinante immersion dans l'histoire de Marseille, "kaléidoscope humain" que trois générations de photographes ont permis d'immortaliser.

Alors plongeons sans plus tarder dans ce 110e épisode de Pointue !

Cynthia Cucchi

À PICORER

💨 Ça met un vent. Une image vaut mille mots. Ce samedi 8 novembre, l’extrême droite locale s'était donné rendez-vous au Florida Palace, à Marseille, pour une séance de dédicaces du dernier livre de Jordan Bardella. Si la consigne était de ne pas parler des municipales 2026, le Rassemblement national voulait faire passer un message d'unité en mettant en scène son candidat, Franck Allisio, entouré de Jordan Bardella et Stéphane Ravier, qui avait quitté le parti pour Reconquête, avant de se rallier à la campagne du RN à la rentrée. Mais derrière le symbole, il y a les réalités d’organisation. Comme quand le président du parti fait son entrée au côté de Franck Allisio en saluant les militants, mais en passant sans un geste devant Stéphane Ravier, qui attendait pourtant stratégiquement à côté de la porte, sourire aux lèvres et son livre serré contre la poitrine. "Il ne l’avait pas vu", souffle-t-on. L’image sera rattrapée quelques minutes plus tard : Stéphane Ravier est le premier à obtenir sa signature. "Pour le meilleur sénateur des Bouches-du-Rhône, de France et de l’univers", a-t-il demandé à Jordan Bardella. L’histoire ne dit pas ce que ce dernier a réellement écrit dans le livre.

📖 Ça parle dans le vent. Au fait, il parle de quoi, le dernier ouvrage de Jordan Bardella ? Ne posez pas la question à Franck Allisio, car il ne l’a pas lu. Lors de la séance de dédicaces du président du RN samedi 8 novembre, le candidat du parti d’extrême droite aux municipales 2026 à Marseille l'a avoué sans ambages : "Soyons honnêtes, je n’ai pas eu le temps de lire son livre. Mais j’en connais la philosophie, c’est de donner la parole aux Français", balaie Franck Allisio. Mais, y a-t-il, parmi ces Français qui témoignent sous la plume de Jordan Bardella, des Marseillais ? Comme il n’a pas lu le livre, Franck Allisio conseille d’interroger directement son auteur. Mais, ne posez pas la question à Jordan Bardella, car il n’a pas la réponse non plus. "Je ne crois pas qu’il y ait de Marseillais ou de Marseillaise dans le livre. Mais il y a une diversité de profils dans laquelle ils pourront se reconnaître", philosophe le président du RN. "Il y a un pêcheur à Sète", souffle avec malice un journaliste. Oui, mais Sète, ce n’est pas Marseille.

🦞 Ça pince. À l'heure d'inaugurer le collège jésuite Loyola, il y a des petits mots protocolaires qui disent tout de la bataille électorale déjà en cours. Au moment de faire son discours en remplacement de Benoît Payan, la maire adjointe, Samia Ghali, donne du "chère Isabelle" à la nouvelle présidente d'Euroméditerranée, Campagnola-Savon, glisse un "chère Laure-Agnès" à sa prédécesseuse, Caradec, et un froid "madame Martine Vassal" à l'intéressée, qui pince le nez. Cheh !

🧨 Ça sabote. Au moment d'inaugurer la plaque qui va immortaliser l'inauguration du collège jésuite des Crottes, les élèves en uniforme se pressent sur scène et font tomber la plaque en verre de l'estrade. Un officiel en col romain glisse, pince-sans rire, "encore un coup de la CGT", en référence aux manifestants à l'extérieur qui soutenaient l'école publique.

DANS NOS FILETS

PFAS à l'amer. "Acide perfluorobutanoïque", "Acide perfluorodecane sulfonique", "Sulfonamido alkyle amine de fluorotélomère"... Sur des pages et des pages, les noms abscons s'égrainent, assortis d'acronymes du même acabit. Ils désignent des PFAS (prononcer "pifasses"), ces "polluants éternels" qui contaminent non seulement la planète entière, mais aussi le sang de tous les êtres humains. Et en l'occurrence, celui des habitants du pourtour de l'étang de Berre. Car pendant des mois après l'incendie survenu sur son site de Berre-l'Étang en janvier 2025, l'usine pétrochimique Basell Polyolefines, filiale du géant LyondellBasell, a déversé des milliers de mètres cubes d’eaux d'extinction hautement contaminées en PFAS dans la lagune. Comme en attestent les documents officiels que Marsactu a consultés, les quantités de ces substances détectées atteignent des taux stratosphériques, tout comme le volume des eaux polluées dispersées dans l'étang, équivalent à près de quatre piscines olympiques. Il est des records dont on se passerait bien...

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LE SUIVI

La bibliothèque morose. Quinze heures. C'est le temps qu'il aura fallu au tribunal correctionnel pour examiner le cas Patrick Casse. Et, au-delà, le fonctionnement des bibliothèques de Marseille, sous le joug de l'ancien cadre et délégué Force ouvrière pendant des décennies. Mais ce procès-fleuve, qui s'est achevé peu avant minuit, est passé "comme un souffle en comparaison avec ce que racontent les victimes qui se sont succédé à la barre", ainsi que le note notre corédacteur en chef Benoît Gilles, qui n'en a pas perdu une miette. Sur les bancs des parties civiles, pas moins de 17 personnes, essentiellement des femmes, sont venues témoigner de "la violence" de Patrick Casse, de ses crises de colère, de ses insultes, de "la peur" qu'il aura inspirée et des carrières qu'il aura "brisées". Dénonçant un "management pathogène", la procureure a notamment réclamé dix mois de prison avec sursis. La défense a demandé la relaxe "au bénéfice du doute".

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ON A CREUSÉ

Comédie tramatique. Les tracés se suivent mais ne se ressemblent pas, pour le futur tramway de la Belle de Mai. La dernière étude sur la question, dont Marsactu a pu consulter la synthèse, lève quelques obstacles sur la route de ce projet inscrit dans le plan "Marseille en grand". Dans cette nouvelle version, le passage du tram pourrait en effet préserver les rares commerces du quartier et offrir un large "espace apaisé" de 5 000 mètres carrés autour de la place Caffo, avec une vingtaine d’arbres replantés. Conformément à ce que demandait la Ville à la métropole. Mais toutes les pierres d'achoppement de cet épineux dossier n'ont pas disparu pour autant : trafic routier, place du stationnement, passage des voies cyclables seront forcément impactés par la traversée du tramway. Sans oublier la pire de ses répercussions : la démolition annoncée de quelque 150 logements.

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ÇA SE DISCUTE

"0-(0+0)=0"

Commentaire de leb, au sujet de la candidature de l’étonnant ticket Nora Preziosi / Erwan Davoux aux municipales 2026.

LE CLIN D'ŒIL DE CHARMAG

 

LE PLONGEON

Marseille en Detaille. Voilà plus d'un siècle et demi que les Detaille immortalisent Marseille de père en fils. Leur précieux fonds, cédé à la Ville en 2021, est si monumental — entre 300 000 et 500 000 photos, auxquelles s'ajoutent des plaques d’autres professionnels, des affiches, des documents et des livres — qu'il a inspiré certains commentateurs de Marsactu. Lesquels ont suggéré que ce trésor s'installe au Centre Bourse, en lieu et place des Galeries Lafayette. Une idée pas plus folle que celles avancées par les futurs candidats aux municipales... D'autant que Gérard Detaille ambitionne désormais de voir se créer un lieu dédié à l'image dans sa ville, comme il l'a confié à Coralie Bonnefoy. Avec notre corédactrice en chef, qui l'a interviewé à l'occasion de l'expo Marseille vue par les Detaille, 164 ans de photos au Musée d'histoire, il revient sur cette incroyable épopée familiale, qui a su capter l’essence même de la ville depuis la fin du XIXe siècle.

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ET AVEC ÇA

Plat de Résistance. Sur Arte, l'émission Invitation au voyage ne se contente pas de sillonner la planète "à la découverte de notre beau patrimoine artistique, culturel et naturel", elle parcourt aussi parfois le temps. Dans l'épisode diffusé ce vendredi 14 et d'ores et déjà disponible sur Arte.tv, cette "Histoire inattendue" fait escale à Marseille, en 1940. La ville est alors le refuge de ce que Vichy appelle les "indésirables". Parmi eux, l'acteur Sylvain Itkine va avoir une idée lui permettant de remplir son portefeuille tout comme les estomacs des Marseillais en ces temps de disette : le croque-fruit, une barre nutritive à base d'amandes et de dattes. Le succès est tel que l'entreprise coopérative du comédien et de ses compagnons d'infortune embauche les "bannis du fascisme" et des résistants, inventant une nouvelle forme de commerce. Et faisant de cette friandise le synonyme de résister…

Ce 110e épisode de Pointue touche à sa fin. Une petite piqûre de rappel avant de vous laisser : si vous souhaitez nous aider à nous mêler des affaires qui vous regardent, il est encore temps de contribuer à notre nouvelle campagne d'abonnement, en la partageant autour de vous ou, si vos finances le permettent, en souscrivant à l'offre de soutien, voire en faisant un don. On se retrouve jeudi prochain, même heure, même boîte mail, pour une nouvelle salve d'infos locales, en toute indépendance.

En attendant, pour toute question ou info, écrivez à pointue@marsactu.fr.

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