Au congrès de FO, Benoît Payan rejoue le duo du maire et du syndicat majoritaire

Actualité
le 2 Juil 2021
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Le maire de Marseille était invité ce jeudi au congrès du syndicat Force ouvrière des territoriaux. Une façon de relancer une relation tendue ces derniers mois.

Benoît Payan a participé ce jeudi au congrès de Force ouvrière qui se tenait au Dôme. (Photo BG)
Benoît Payan a participé ce jeudi au congrès de Force ouvrière qui se tenait au Dôme. (Photo BG)

Benoît Payan a participé ce jeudi au congrès de Force ouvrière qui se tenait au Dôme. (Photo BG)

Les lumières colorées balaient le plafond du Dôme. Une voix sous vocodeur balance un rap marseillais. Sous les applaudissements et les flashes des adhérents de Force ouvrière, le maire Benoît Payan fait ses premiers pas au congrès de Force ouvrière, tel une rock star de la politique marseillaise. Veste bleue roi, le secrétaire général du syndicat des territoriaux, Patrick Rué, l’accompagne.

Les minutes passent lentement dans la travée centrale. Le maire n’a pas salué tout le monde, mais presque, s’arrêtant, table après table, pour taper les poings, prendre le temps d’un petit mot avec des élus de tous âges. Et puis il y a les selfies auxquels le jeune maire se prête de bonne grâce. Les applaudissements sont nourris. En son temps, Jean-Claude Gaudin provoquait ce même genre d’affection mais, ici, la proximité paraît plus grande.

Pourtant, la relation entre Benoît Payan et le syndicat historique de la Ville n’a pas toujours été au beau fixe. Elle s’est même singulièrement durcie au tournant de l’année. Sur les réseaux sociaux, Patrick Rué a multiplié les posts pour dire le ras-le-bol des agents des écoles, des crèches, de l’opéra et de tant d’autres services. L’ambiance était clairement à la fin d’une période de grâce qu’avait pu susciter l’aspiration au changement d’une grande partie des agents.

L’épisode de la retraite de Patrick Rué presque oublié

Cette période glaciaire entre l’administration municipale et son interlocuteur syndical coïncidait avec la mise en retraite de Patrick Rué, créant une certaine rancœur chez celui-ci. Nouvelle coïncidence, le retour à l’ambiance cordiale va de pair avec celui de Patrick Rué dans les rangs des fonctionnaires municipaux. Cette information révélée par La Marseillaise a été confirmée de source municipale du fait d’une erreur factuelle dans la rédaction de l’arrêté de mise en retraite. Patrick Rué se retrouve donc de nouveau en service actif pour quelques mois. Il a d’ailleurs siégé en personne au comité technique ce mardi.

Même si cette mise en retraite ne mettait pas fin à son mandat de secrétaire général, le voilà rétabli dans son statut plein et entier et ça le revigore. De la tribune, il salue les nombreux adjoints qui ont accompagné Benoît Payan. “Vous avez compris que vous êtes les bienvenus. Pourtant, depuis quelques semaines, vous nous avez manqué. Il faut parfois s’éloigner pour s’apprécier quand on se rapproche”, glisse-t-il matois.

Cahier revendicatif

Il en vient ensuite au cahier de revendications. Ou plutôt un avant-goût, puisqu’il ne fait qu’effleurer “les nombreuses revendications qui émaneront dans les prochains jours de nos délégués”. En tête, viennent les écoles, les crèches, mais aussi la situation des agents d’entretien, “qu’on a découverts pendant le confinement, comme les personnels soignants d’ailleurs”.

“Nous avons tout fait pour que le second tour se passe le mieux possible. Ça, à Marseille, y a que FO qui peut le faire !”

Patrick Rué

Patrick Rué insiste ensuite sur les élections, alors qu’au sein même de la majorité, certains élus voyaient dans la main de FO, le dérèglement des opérations de vote. “Nous avons tout fait pour que le second tour se passe le mieux possible”, se félicite-t-il, balayant les critiques. Avant de hausser le ton en saluant la salle pleine de centaines de délégués : “ça, à Marseille, y a que FO qui peut le faire !”

Benoît Payan rejoue la partition syndicale

À son arrivée, le nouveau maire a pris un bain de foule et enchaîné les selfies. (Photo BG)

En réponse, Benoît Payan joue sur du velours. Il sait où il met les pieds et, non sans emphase, rappelle les congrès qui ont changé l’histoire, notamment de la classe ouvrière, en créant les services publics “le patrimoine de ceux qui n’ont rien”. Par bien des aspects, le militantisme syndical et politique se tutoient, se mélangent, dans le geste comme dans le verbe.

Sans les agents, pas d’école, ni de crèches, il n’y a pas de musée, pas de bibliothèques. Marseille ne serait pas Marseille sans les 17 500 agents qui se lèvent chaque jour pour venir travailler.

Benoît Payan

“Sans les agents, pas d’école, ni de crèches, il n’y a pas de musée, pas de bibliothèques. Marseille ne serait pas Marseille sans les 17 500 agents qui se lèvent chaque jour pour venir travailler”, clame-t-il sous un tonnerre d’applaudissements. “Bravo !”, crie une dame debout quand il lance que jamais il “ne laissera salir le travail des agents”.

En regard des revendications, le maire formule quelques promesses : revoir le taux d’encadrement dans les écoles, les rémunérations, remettre à plat l’organisation des services et mettre en place un plan pluriannuel de recrutement et de formation. À chaque fois, il obtient des applaudissements nourris, qu’il sollicite volontiers quand il cite les services qu’il doit visiter dans les prochaines semaines.

Le mercredi chômé dans les écoles fait tiquer le préfet

Il est même à deux doigts d’obtenir des sifflets lorsqu’il glisse que “la préfecture [le] menace de [le] déférer devant les tribunaux pour avoir banalisé les mercredis” des agents des écoles. Effectivement, son cabinet confirme que le préfet Christophe Mirmand a formulé des observations au titre du contrôle de légalité sur la délibération qui entérine ce mercredi chômé, car il permet de déroger à la durée légale du temps de travail. La réponse est au courrier, mais Benoît Payan n’entend pas remettre en cause ce dispositif pensé pour la pandémie et prolongé depuis.

Dans ce duo bien huilé où se rejouent les duos passés, Benoît Payan met sa touche personnelle lorsqu’il précise que la négociation se fera “avec l’ensemble des organisations syndicales”. Il rappelle d’ailleurs l’attachement entre FO et l’ancien maire : “Je ne suis pas lui”. “Il y a eu des quiproquos, des interrogations. Il y en aura encore. C’est la vie”, hausse-t-il d’une épaule, dans un tic courant chez lui.

Marc Blondel, illustre socialiste

Avec malice, il prend un temps pour poser sa chute, prévenant : “Je vais faire quelque chose que je n’ai jamais fait…” Le public retient son souffle qui retombe un peu quand il poursuit : “Je vais citer Marc Blondel qui, au moment où il a quitté FO a dit ‘Je crois avoir sauvegardé le syndicalisme authentique, le syndicalisme indépendant, le syndicalisme libre'”. L’ancien secrétaire général du syndicat avait la qualité d’avoir sa carte chez FO comme au Parti socialiste.

Lorsqu’on lui fait remarquer alors qu’il quitte le Dôme, Benoît Payan répond qu’il “n’a pas sa carte à FO”. Un membre du service d’ordre du syndicat complète aussitôt : “mais vous l’aurez bientôt”. Voilà le duo maire/syndicat majoritaire revigoré. Une aubaine alors que déjà ont commencé les passes d’armes en vue des élections professionnelles de 2022.

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Commentaires

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  1. Citoyen-ne-s-de-marseille.fr Citoyen-ne-s-de-marseille.fr

    Pourtant Patrick Rué était bien au PS, ou bien proche, n’était-il pas dans le premier cercle de Michel Pezet lors de sa campagne de 1995 ?

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    • Benoît Gilles Benoît Gilles

      Bonjour
      Effectivement Patrick Rué a longtemps été proche du PS. En 2013, il a explicitement soutenu Eugène Caselli à la primaire socialiste. En 2024, il a appelé à voter contre Patrick Mennucci qui avait de la cogestion avec FO, sa bête noire.

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  2. Manipulite Manipulite

    “Il faut que tout change pour que rien ne change” Le Guépard

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  3. Alceste. Alceste.

    Pierre12, je ne suis que très,très,très peu souvent d’accord avec vos avis.Mais là je le suis. Nous pensions avoir changé de maire ,mais non l’ingénieur Rué l’est toujours. Cette ville va continuer à être dirigée par FO, les tatas, les gardiens de musée , et les arrêts de maladies perpétuels des employés de la ville.Comme quoi l’air marseillais n’est pas si bon. Cette ville est dirigée par des médiocres pour des médiocres.
    La question ne se pose même plus,nous méritons bien nos élus.

    N

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  4. toto toto

    Pour les écoles, déjà un an et… rien.
    Ces annonces n’ont aucune valeur: aucun chiffre, aucune date, encore une commission… Du pipeau.

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    • Alceste. Alceste.

      Dans mes précédents commentaires je disais qu’il fallait lui laisser un à deux ans.
      La messe est dite, le même en plus jeune que Gaudin, un paillasson.
      Cette ville va continuer à s’enfoncer sauf les mêmes combinards habituels of course.

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  5. MarsKaa MarsKaa

    Ce que raconte cet article, directement ou en creux, est sidérant !

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  6. PAGNOL PAGNOL

    Aujourd’hui est jour de deuil pour Marseille et les marseillais !!

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  7. Pierre12 Pierre12

    “Sans les agents, pas d’école, ni de crèches, il n’y a pas de musée, pas de bibliothèques. Marseille ne serait pas Marseille sans les 17 500 agents qui se lèvent chaque jour pour venir travailler”, clame-t-il sous un tonnerre d’applaudissements. “Bravo !”,

    « La réponse est au courrier, mais Benoît Payan n’entend pas remettre en cause ce dispositif pensé pour la pandémie et prolongé depuis. ( mercredi chômé) »

    Bravo Benoît !
    Je regrette de ne pas avoir voté pour toi !

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    • Alceste. Alceste.

      Que ne peu t’on pas dire comme conneries à la tribune .
      Il y a 17500 agents dont la majorité est FO , mais pas de musées ouverts, pas d’écoles, pas de bibliothèques et les crèches il en manque de partout.
      Il aurait dût dire “employer” au lieu de dire “travailler” , la nuance est importante.

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  8. Hde mars Hde mars

    De plus en plus désolant donne vraiment plus envie de voter .le pm nous aura tous rendu cocu.
    Fo se sent de plus en plus fort et le personnel municipal qui pensait que le pm aller changer le donne de plus en plus déçu
    Bravo payan Tu es bien partie sur le chemin que TVA montre Guérini eet Gaudin et nous on va quitter cette ville

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  9. Patou. Patou.

    Mais Monsieur le maire c’est du grand n’importe quoi…
    Vous faite du copier coller de la ligne de votre prédécesseur !!!
    Un pacte avec cette mafia syndicale qui met Marseille à genoux depuis des décennies…
    Vous renoncez donc à vos engagements de campagne?
    Des actes, des actes. mais pas ça

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  10. didier L didier L

    14 juillet, même feu d’artifice que sous Gaudin … toutes les illusions du PM partent en fumée !

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    • Alceste. Alceste.

      Cela est vrai , costume bleu marine la bedaine en moins , la breloque de maire au revers du veston en attendant les autres décorations de la panoplie et de la fonction.
      Question, c’est l’organe qui crée la fonction ou l’inverse.

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  11. petitvelo petitvelo

    Le PS et le PC ont tué le printemps : l’hiver vient

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  12. patrick R patrick R

    Cela confirme qu’il n’y a rien à attendre du PM.
    Il n’y a qu’à voir le Vieux Port où il ne passe strictement rien dans la journée et le soir il faut mieux éviter d’y aller. Heureusement qu’il y a d’autres villes dont Aix pour être dans un environnement agréable.

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