Pendant que le virus circule, le gouvernement procrastine

Billet de blog
par MalMass
le 26 Fév 2021
0
Pendant que le virus circule, le gouvernement procrastine
Pendant que le virus circule, le gouvernement procrastine

Pendant que le virus circule, le gouvernement procrastine

Photo : Benoît Granier / Matignon.

Jeudi 25 février, seulement quatre jours après avoir annoncé un “confinement” le week-end dans la région niçoise, le premier ministre a annoncé mettre “sous surveillance” une vingtaine de départements où la pression épidémique est plus forte qu’ailleurs, sans faire mystère que de nouvelles contraintes seront annoncées la semaine prochaine.

Première question : pourquoi attendre ? La dynamique épidémique ne va pas radicalement changer en une semaine. Malheureusement, ce tempo est classique depuis cet été. A chaque fois que la situation se dégrade, au lieu d’agir rapidement, le gouvernement préfère le teasing en annonçant…  qu’il annoncera des mesures plus tard. Cette tendance à procrastiner est d’autant plus délétère que l’épidémie progresse plus vite qu’elle ne ralentit ensuite sous l’effet des contraintes liberticides. Chaque semaine perdue allonge donc beaucoup plus la durée des contraintes à subir.

D’où une seconde question : pourquoi ne pas avoir agi plus vite dans les Alpes-maritimes et les Bouches-du-Rhône où tous les indicateurs ont progressivement viré au rouge depuis plus d’un mois ? Nous disions déjà le 26 janvier qu’il fallait imposer un couvre-feu tout le week-end dans le Sud, comme ce fut le cas en Guyane cet été mais le gouvernement a visiblement des réticences à gérer cette épidémie de façon territoriale.

Peut-être MM. Macron, Catex et Véran préfèrent-ils que le virus circule le plus largement possible avant d’agir pour leur faciliter le travail en imposant les mêmes contraintes à tous plutôt qu’à une partie d’entre nous ? Après tout, ils refusent aussi d’appeler à l’auto-confinement des personnes les plus à risque, lui préférant l’assignation à résidence de tous. Et, plus grave, ils refusent l’isolement strict des personnes détectées positives mais n’hésitent pas à imposer le confinement pour tous. Plutôt que le triptyque de l’Organisation mondiale de la Santé “Tester-Tracer-Isoler”, la France préfère le triptyque “Tester-Tracer-Faites comme vous voulez”.

Il serait pourtant grand temps que la gestion de la covid se professionnalise. Il serait temps, aussi, d’arrêter de piloter cette crise par les taux d’occupation des hôpitaux pour aborder, enfin, la crise sanitaire de façon politique, en prenant en compte toutes les dimensions sociales et économiques de moyen et long terme de cette nouvelle maladie qui n’aura pas disparu à la fin de l’année. Que l’on arrête de croire que la vaccination permettra un retour à la normale ! Il n’en sera rien parce que le virus mute sans cesse et qu’il faudra donc, sans cesse, relancer la course au vaccin et à la vaccination qui, toujours, prendra du temps. Didier Raoult répondra que nul ne peut rien prophétiser. Dans l’absolu, il a raison, mais la gestion des risques par les pouvoirs publics ne devraient pas s’appuyer sur l’hypothèse la plus favorable. La gestion des stocks stratégiques de masque avant l’épidémie l’a bien rappelé.

D’ailleurs, le locataire du Faubourg Saint-Honoré et le premier ministre disaient cet été qu’il fallait apprendre à vivre avec le virus. Ils avaient raison mais ne nous proposent depuis que le contraire. Apprendre à vivre avec le virus, ce ne peut être de fermer sans limite de durée et sans justification sanitaire les lieux de culture, les restaurants et plus récemment, les grandes surfaces. Ce ne peut-être de cantonner les lycéens et les étudiants dans des cours à distance et saboter une, puis deux années scolaires successives, en attendant la troisième. Il faut arrêter de penser que nous pouvons être tout puissant contre les aléas de la vie et de la nature. Nous n’en avons pas les moyens, aujourd’hui comme hier, ici comme ailleurs.

De ces sujets, qui ne relèvent pas du conseil scientifique mais plutôt des représentants de la nation, des acteurs sociaux représentés au conseil économique et social et du comité national consultatif d’éthique, il serait temps de débattre. Là aussi, arrêtons de procrastiner.

 

Les derniers chiffres en carte et courbes

 

Traitements et illustration par le logiciel libre R.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire