Olivier Véran sur le point de perdre son pari ?

Olivier Véran sur le point de perdre son pari ?

Nicolo-Revelli-Beaumont – Ministère sociaux / DICOM / Sipa press.

Le 1er avril, Olivier Véran prévoyait que le pic épidémique serait atteint dans sept à dix jours car “les mesures [prises] vont avoir un impact fort sur la dynamique épidémique. Il n’y a pas de raison de penser le contraire, aucune raison de penser le contraire”. Le lendemain, il renouvelait cette prévision sur Brut, nous promettant un printemps meilleur que le début de l’année et un été, encore meilleur, même s’il annonçait aussi que les gestes barrières et certaines restrictions devront perdurer au moins jusqu’à l’automne. 

Ce pari semblait audacieux car si les mesures annoncées fin mars devaient mécaniquement limiter les interactions entre les plus jeunes du fait de la fermeture des écoles, aucune n’était de nature à réduire substantiellement les contacts familiaux et amicaux chez les adultes. Pour eux, l’effet psychologique restait le principal levier d’action : l’annonce des nouvelles mesures pourrait conduire à un regain de prudence et freiner la tendance au relâchement observée depuis le début de l’année chez une partie de la population. L’obligation de garder les enfants à la maison pouvait aussi jouer en obligeant davantage de salariés au télétravail.

A la mi avril, un premier point d’étape peut être fait en regardant l’évolution récente du taux d’incidence, c’est-à-dire du nombre de cas détectés positifs sur les sept derniers jours pour 100 000 personnes dans les statistiques publiées par Santé publique France.

Autant le dire d’emblée, ces premiers résultats sont peu rassurants pour les semaines qui viennent. Dans les Bouches-du-Rhône, comme au niveau national, le pic annoncé semble se dessiner nettement pour les moins de 20 ans. En revanche, pour les adultes, la circulation virale continue d’augmenter, même si son rythme a ralenti (cf. graphiques ci-dessous).

Malheureusement pour nous tous, Olivier Véran semble donc sur le point de perdre son pari, même s’il faut attendre encore quelques jours pour conforter ce bilan d’étape. Selon ces premières tendances, il est peu probable que les mesures prises fin mars ne permettent de ralentir rapidement et fortement la circulation virale chez les adultes. De ce fait, le ralentissement de la pression sur les besoins en lits de réanimation, que le gouvernement espérait pour fin avril, est loin d’être garanti.

Du point de vue des seuls risques sanitaires, cette mauvaise nouvelle n’interdit pas de rêver à une réouverture de tous les commerces, des musées, voire des restaurants, puisque avec des règles de fonctionnement adéquates (port du masque, jauge, réservation), ils n’auraient jamais dû fermer. De même, la focalisation sur un éventuel rôle des écoles dans la circulation virale pourrait être remise en cause si le décrochage observé entre la dynamique épidémique des moins de 20 ans et celle des plus de 20 ans devait se confirmer.

Cependant, comme la gestion de la crise sanitaire brille par son absence de logique et de rationalité, nous devrons subir encore plusieurs semaines l’incertitude et l’incapacité à nous projeter à plus d’un mois. Bienheureux ceux qui savent ce qu’ils feront cet été !