Olivier Véran prévoit le pic dans sept à dix jours. Chiche !

Billet de blog
par MalMass
le 1 Avr 2021
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Olivier Véran prévoit le pic dans sept à dix jours. Chiche !
Olivier Véran prévoit le pic dans sept à dix jours. Chiche !

Olivier Véran prévoit le pic dans sept à dix jours. Chiche !

Nicolo-Revelli-Beaumont – Ministère sociaux / DICOM / Sipa press.

Ce jeudi 1er avril, le ministre de la santé, Olivier Véran, interrogé sur France inter, déclarait que : les mesures qui ont été annoncé hier soir par le président de la république vont avoir un impact fort sur la dynamique épidémique. Il n’y a pas de raison de penser le contraire, aucune raison de penser le contraire. Il faut entre sept et dix jours pour que les mesures soit efficaces, qu’on puisse en mesurer l’efficacité, ce qui veut dire qu’on pourrait avoir atteint le pic épidémique d’ici sept à dix jours environ si tout va bien, et ensuite il faut deux semaines supplémentaires pour atteindre le pic de réanimation, ce qui pourrait être du côté de la fin avril“. Si c’est un poisson, il n’est pas de bon goût. Si ce n’en est pas un, les bookmakers devraient s’en emparer. Pic dans sept à dix jours ? Chiche !

Car comme d’autres, nous n’avions pas cru au retour à la normale que l’occupant du Faubourg Saint-Honoré nous annonçait pour mi avril. Déjà début novembre, au début du Deuxième Enfermement, quand le gouvernement nous laissait espérer un Noël et un jour de l’an en famille, nous doutions fort que le 31 décembre puisse se dérouler normalement et craignions même un début de l’été reconfiné. Sur ce deuxième point, notre erreur fut de penser que le reconfinement hivernal permettrait de ralentir plus fortement la circulation épidémique que ce qui arriva, accélérant de ce fait, l’arrivée du troisième pic. Et nul besoin de chercher le variant anglais pour expliquer ce ralentissement insuffisant. Il suffit d’en rester à la base des messages de prévention : ce n’est pas le virus qui circule mais les hommes et les femmes qui le font circuler. C’est donc le respect des gestes barrières qui importe avant tout et ce ne fut sans doute pas un hasard si les Bouches-du-Rhône furent, comme l’été dernier, aux avant-postes de la nouvelle reprise épidémique.

Pour les mêmes raisons, l’efficacité attendue des mesures annoncées hier questionne. Quelques commerces supplémentaires se retrouvent inutilement fermés et les déplacements à plus de dix kilomètres sont prohibés, mais rien de cela ne limitera réellement les rencontres amicales qui se multiplient avec l’arrivée des beaux jours et avec la lassitude des mois de restriction des libertés publiques. Rien de cela ne limitera la propension croissante à vivre démasqué qui s’observe à tous les coins de rue. Le carnaval de La Plaine, comme les manifestions festives d’Annecy ou de Lyon en sont les illustrations les plus visibles.

Ces nouvelles mesures sont d’ailleurs expérimentées depuis le 19 mars dans les Hauts-de-France, en Ile-de-France et dans ses départements limitrophes, ainsi que dans les Alpes-maritimes. Sept à dix jours après, il y a t-il eu des inflexions significatives ? Oui, à Paris, désertée par certains de ses habitants, qui sont, peut-être aussi, psychologiquement plus sensibles aux signaux du gouvernement. Mais dans le Nord-Pas-de-Calais, la dynamique épidémique a continué sa hausse sans fléchir et dans les Alpes-maritimes, le freinage important qui a suivi la mise en place d’un confinement le week-end s’est interrompu avec le retour de la liberté de circuler à toute heure de la journée, sans autre motif essentiel que le plaisir.

Fait nouveau, dira-t-on : les écoles seront fermées pendant trois semaines. Effectivement,  un impact est possible, pas forcément parce que l’Ecole serait le coeur du moteur de la circulation virale mais parce que les contraintes de garde obligeront à davantage de télétravail, donc à moins de contacts entre adultes. Mais après ces trois semaines, que va-t-il se passer ? Aura-t-on réellement freiné significativement la circulation épidémique pour se garantir des élections et un été tranquille ? Va-t-on atteindre, avec moins de contraintes et plus de lassitude sur les gestes barrière, les cibles que nous n’avions pu atteindre lors du Deuxième Enfermement ? De plus, le nombre de personnes en réanimation pour la covid est déjà supérieur à celui qu’il était au deuxième pic et il continue d’augmenter, ce qui laisse augurer des tensions durables dans les services hospitaliers dans les mois qui viennent.

Ce n’est pas non plus en dix jours, ni même en trois semaines, que l’on vaccinera suffisamment de monde pour en voir rapidement les effets sur la dynamique épidémique globale, d’autant qu’il faut au moins deux semaines pour que les effets de la première dose soient effectifs.

Dans ce contexte, il eut été sans doute plus raisonnable de prendre des mesures plus strictes pour limiter les rencontres amicales et familiales en complétant le couvre-feu du soir par un couvre-feu la totalité du week-end. En contre-partie, les mesures liberticides sanitairement infondées aurait pu être levées sans envoyer de signal de relâchement, permettant une réouverture de tous les commerces et des musées, ainsi qu’une réouverture des restaurants sur réservation. Repousser le couvre-feu à 20h serait sans doute aussi possible car qui s’invite pour un diner à conclure avant 20h ? Et puisque les gouvernements successifs n’ont de cesse, depuis plusieurs années, de parler d’expérimentations en tout genre pour les politiques d’emploi ou l’organisation administrative, pourquoi refuse-t-il toujours d’expérimenter les réouvertures des restaurants, bars et lieux de culture dans les territoires les moins touchés par l’épidémie ?

En refusant de prendre maintenant des mesures plus strictes, mais plus rationnelles, le gouvernement prend le risque de maintenir durablement le pays dans une situation sanitaire incertaine, avec la persistance d’une menace d’un véritable troisième Enfermement, qui ne permet guère d’envisager pour l’instant un été serein. Si le gouvernement voulait reporter les élections prévues en juin, il ne s’y prendrait pas autrement, mais nous reconnaîtrions notre erreur d’analyse avec grand plaisir si la réalité devait donner raison à ce nouveau coups de dé du Monarque.

Commentaires

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  1. Pierre12 Pierre12

    « les mesures qui ont été annoncé » « que les mesures soit efficaces » mes yeux ont saigné.
    Sur le fond, loin de défendre le gouvernement, celui-ci a probablement pensé qu’en ne pas « reconfinant » avant, ça pourrait passer, avec les beaux jours qui arrivent, les vaccins…
    Refaire l’histoire après, c’est assez facile.

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    • MalMass MalMass

      “Refaire l’histoire après, c’est assez facile”. Certes, mais je ne pense pas être concerné par cette remarque, comme peuvent en attester certains des billets plus anciens. Je doute par exemple depuis longtemps de l’argument météorologique de M. Delfraissy (voir billet du 9 septembre). Sur les vaccins, c’est une question purement comptable : on ne peut pas vacciner tout le monde d’un coup et le temps d’atteindre un taux suffisant, le virus a le temps de circuler. Le gouvernement avait fixé des seuils pour agir à l’automne. Il faut constater qu’après janvier, ces critères avaient disparu, laissant redécoller l’épidémie dans les Bouches-du-Rhône et les Alpes-maritimes en janvier. Tout donne l’impression d’être dans le pilotage à vue. C’était normal pour le premier épisode. Cela devient plus criticable au fur et à mesure que le temps passe. Faudra-t-il aussi qu’un variant résiste au vaccin l’hiver prochain pour que l’on commence seulement à réfléchir à la façon de répondre ?

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    • Jacques89 Jacques89

      Véran doit être abonné à la météo à 1 mois. Elle a prévu les refroidissements successifs et notre gouvernement mis en œuvre le confinement (sauf quand Macron n’y a pas cru). Allez, Malmas, un petit cadeau pour nous remonter le moral https://www.youtube.com/watch?v=-g0v7_e2t6k . Si on vous écoute on va devenir neurasthénique.

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  2. jasmin jasmin

    Personne n’a trouvé la bonne méthode de réponse à cette pandémie, sauf la Nouvelle Zélande qui est une petite île et a tout fermé, et ceux qui sont en train de vacciner toute la population. Pfizer vendait 50 dollars la pièce, AstraZeneca 7, et la sécu a préféré moins cher. Et puis l’affolement AstraZeneca a commencé et pourri la confiance dans le vaccin. En attendant, puisqu’on est en montée en charge de fabrication sur place des vaccins plus fiables sur 4 sites, il faut le temps de remplir de vaccins les vaccinodromes et atteindre les autres, dans un pays en tête de hit parade des anti vaccins sur la planète. Et rebelle en ce qui concerne le port de masques, pour protéger les autres. Qu’est ce qu’il faut faire à part confiner en zigzag pour ménager la chèvre et le chou? Tous les commerces sont sous perfusion étatique. Tout le monde veut le beurre et l’argent du beurre, tout en faisant un doigt d’honneur.

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    • MalMass MalMass

      J’attends avant tout un minimum de rationalité dans les mesures et que l’Etat réfléchisse à des mesures tenables sur plusieurs années dans le cas où des variants résistent aux vaccins. Cela implique qu’il ne faut pas fermer les commerces et les musées parce que les gestes barrières peuvent y être appliqués et contrôlés. C’est aussi expérimenter des conditions de fonctionnement permettant des réouvertures des restaurants et lieux de culture dans les territoires les moins touchés. C’est aussi sanctionner réellement ceux qui ne respectent pas les règles, contrairement à ce que l’on a observé cet été à Marseille et ce que l’on observe encore depuis janvier dans certains quartiers (je pense notamment aux serveurs non masqués cet été, aux commerçants non masqués depuis janvier). La question de l’isolement effectif des malades devrait aussi se poser. Il semble parfois qu’il soit plus grave de faire un grand excès de vitesse que de non respecter de façon manifeste et réitéré les gestes barrières dans des lieux denses. Compte-tenu des impacts humains et budgétaires en jeu, il y a là un problème de cohérence…

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