Couvre-feu le week-end ou reconfinement d’emblée ? Faites vos jeux !

Billet de blog
par MalMass
le 25 Oct 2020
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Couvre-feu le week-end ou reconfinement d’emblée ? Faites vos jeux !
Couvre-feu le week-end ou reconfinement d’emblée ? Faites vos jeux !

Couvre-feu le week-end ou reconfinement d’emblée ? Faites vos jeux !

Le renforcement des restrictions des libertés fondamentales n’a pas empêché une forte reprise épidémique dans les Bouches-du-Rhône, depuis mi octobre. Comme, de toute évidence, les Français préfèrent le plaisir immédiat et la sécurité à court terme aux libertés fondamentales et comme les Autorités cherchent d’abord à afficher qu’elles font “le plus” et “le mieux” en vue des procès qui s’annoncent, la suite est connue : la prochaine étape sera un renforcement des mesures liberticides dans les territoires les plus touchées, avec deux options possibles : revenir à une assignation à résidence généralisée dès début novembre, comme lors du premier pic épidémique, ou passer par une phase de couvre-feu étendu à l’intégralité du week-end, comme ce fut le cas cet été en Guyane, avec un certain succès.

Et vous, que choisiriez-vous ? Dans tous les cas, quelque soit l’option, si les pouvoirs publics ne nous l’annoncent que pour quinze jours, il ne faudra pas les croire. Ils savent déjà que ce sera pour bien plus longtemps, vraisemblablement au moins jusqu’en décembre.

Cette réalité devrait nous conduire à questionner les comportements de chacun et les choix de politiques sanitaires mises en oeuvre alors que d’autres pays avancés continuent de faire mieux que nous et que certains territoires de métropole ont, pour le moment, su éviter la forte reprise observée dans d’autres. Il serait temps que les sociologues s’investissent davantage pour mieux comprendre ces différences territoriales et pour identifier ce qui relève de chacun d’entre nous, de ce qui relève des autorités publiques.

De notre côté, l’importance du chacun pour soi ou le sens de l’intérêt collectif, le poids assigné au destin, la préférence pour le présent, etc. Du côté des autorités publiques, la nature des mesures mises en oeuvre, leur pertinence et l’implication mise pour les rendre effectives. A quoi sert de tester, par exemple, si l’on ne s’assure pas ensuite de l’isolement des personnes positives ? Pourquoi rendre le port du masque obligatoire si les forces de l’ordre ne sont mobilisées que pour le respect des règles les plus liberticides que sont le couvre-feu et le confinement ? Pourquoi refuser de restreindre davantage les contacts physiques avec les personnes les plus fragiles vivant en établissements si ce refus ciblé doit ensuite aboutir à une interdiction de déplacements de tous ? De tout cela, il faudrait débattre mais apparemment,  comme en 1939, nous préférons faire l’autruche et laisser les experts, hier militaires, aujourd’hui sanitaires, donner le cap aux décideurs politiques.

Point sur les décomptes hospitaliers


Les décomptes hospitaliers sont l’information à privilégier. Ils apportent une information plus robuste que les résultats des tests. De plus, le taux d’occupation des lits est, avec le nombre de places occupées en réanimation, les indicateurs essentiels dans le pilotage des mesures restrictives des libertés publiques. Au passage, de ce point de vue, il est regrettable que les nombres de places « covid » par départements ou régions ne fassent toujours pas l’objet d’aucune publication systématique, nuisant à la transparence des décisions publiques.


Les nouvelles hospitalisations

Depuis mi-octobre, le nombre de nouvelles entrées rapportées à la population explose dans les Bouches-du-Rhône, après plusieurs semaines de stabilisation. Pour cet indicateur, le département suit la même évolution que la région lyonnaise élargie, avec un rythme beaucoup plus élevé que la région parisienne et lilloise.

Le nombre de lits occupés

Si l’on s’intéresse non plus aux nouvelles entrées mais au nombre total de lits occupés rapporté à la population, le constat est le même : la situation se dégrade très rapidement pour les Bouches-du-Rhône et en région lyonnaise, davantage qu’en région parisienne ou dans le Nord.

Le nombre de places en réanimation

L’évolution observée pour l’ensemble des lits occupés concerne aussi les places occupées en réanimation.

Point sur les décomptes des tests réalisés


Les décomptes des tests réalisés dépendent fortement de la stratégie des tests (quantité et ciblage), mais aussi des comportements de chacun et de son médecin. De ce fait, même s’ils servent aux calculs d’indicateurs clefs dans le suivi épidémiologique, comme le taux d’incidence, leur solidité est sujette à discussion, d’autant qu’il est difficile d’estimer le taux de couverture des tests à partir des données disponibles. Au passage, dans la mesure où l’État mobilise ces indicateurs pour justifier ses choix de restrictions des libertés publiques au niveau communal, il serait nécessaire que les indicateurs liés aux tests PCR soient systématiquement diffusés au niveau communal et des arrondissements pour Paris, Lyon et Marseille.


 

Le nombre de tests positifs dans les Bouches-du-Rhône est clairement reparti à la hausse depuis mi octobre. Rapportée à la population, la progression est cependant nettement moins dynamique que dans le Nord ou en région lyonnaise, mais ces territoires réalisent désormais plus de tests qu’ici. De plus, ce constat ne doit pas conduire à relativiser la situation observée dans les décomptes hospitaliers.

 

Près des deux tiers des cas de covid seraient désormais détectés


Le nombre de cas réel peut être estimé à partir du nombre d’hospitalisations observées et du taux d’hospitalisation que plusieurs travaux de modélisations ont estimé en même temps qu’ils estimaient la proportion de la population générale ayant été exposée au virus. L’Institut Pasteur a par exemple publié une telle étude fin avril 2020, qui a servi à estimer à environ 6% de la population, la proportion de personnes touchées lors de la première vague en France, taux qui correspond à un taux de mortalité moyen d’environ 0,5% (ce taux correspond à celui observé au printemps par Didier Raoult pour les personnes ayant reçu son traitement). Ce taux a été confirmé par les premiers résultats de l’enquête Epicov. Pour produire une estimation plus robuste des cas probables de covid, il faudrait cependant que l’Inserm et la DREES publient tous les résultats de cette enquête, dont le taux d’hospitalisation par tranche d’âges. Il faudrait aussi que Santé Publique France publie le nombre quotidien de nouvelles hospitalisations par tranche d’âges.


 

L’exploitation des données et la réalisation des graphiques et cartes ont été effectuées à l’aide du logiciel libre R.

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