Journal de confinement. Day#3

Une histoire de plantes et de pharmacie

Billet de blog
par Lorelei
le 20 Mar 2020
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Où l'on apprend que l'usage des remèdes de grand-mère est plus répandu que l'on ne croit.

Une histoire de plantes et de pharmacie
Une histoire de plantes et de pharmacie

Une histoire de plantes et de pharmacie

Jeudi 19 mars. 9 heures. “Après quelques minutes d’une discrète surveillance”, une pharmacienne de Noailles a été arrêtée pour une vente illégale de masques, peut-on lire dans La Provence de la veille. Les bras m’en tombent. Comment allons-nous nous en sortir ? Les pharmaciennes ne sont plus celles que l’on croit. Et chacun se déclare médecin, épidémiologiste ou virologue.

Dès le premier jour de confinement, les mentions se sont accumulées sur mon fil d’actus. J’ai rigolé à la première. Il suffisait de “consommer des boissons chaudes comme du thé […] et de s’exposer au soleil” car “le virus ne résistait pas à la chaleur […] à des températures de 26-27 degrés”. Bon, évidemment, c’était complètement con mais assez facile à réfuter : un coup d’œil sur un site météo permettant de vérifier la température moyenne, entre 21 et 29 degrés dans les pays du golfe Persique, à 28 degrés à Rio, au Brésil, actuellement en été, qui venaient de comptabiliser leurs premiers malades.
Puis, j’ai commencé à recevoir les conseils de connaissances plus ou moins “antivax”, toutes auto-proclamées naturopathes, qui me recommandaient chaudement de renifler des huiles essentielles (HE) et de gober de la vitamine C. J’ai donc commencé une intense campagne de contre-information avec moultes liens vers les centres anti-poisons qui relèvent depuis le début des années 2000 une explosion de cas d’intoxication aux huiles essentielles. Partagé les avis médicaux rappelant les contre-indications avérées aux molécules qui composent ces mêmes HE, terpènes, alcools,
aldéhydes, éthers, cétones, acides, lactones et coumarines, en jurant, beaucoup, putain, bordel, J.P.P.-arrêtez-de-relayer-n’importe-quoi.

J’ai commencé à me lasser lorsque j’ai reçu par mail, d’un client, des liens promouvant les vertus de l’homéopathie en ces temps difficiles de pandémie. Allo ! Quand on pense qu’il suffisait de faire appel à la mémoire de l’eau pour arrêter la propagation mondiale du COVID-19. S’en suivait une description du confinement subi à l’autre bout du monde sous une chaleur intolérable, en m’incitant à me faire à l’extracteur des jus de kiwis… Soupirs.

Et je n’avais encore rien vu. La douloureuse est venue de ce sympathique partage d’une conférence YouTube dans laquelle un monsieur explique d’une voix monocorde que la 5G, l’électricité de la terre, de ton corps, la qualité d’eau de tes cellules (!), la rotation des pôles a provoqué l’explosion du coronavirus et donc, des pneumopathies virales dans les corps “les moins bien armés”. Une conspiration digne des plus grands platistes.

J’ai jeté l’éponge, suis allée immuniser mon corps à l’aide de plantes distillées. En pleurant. Devant tant de bêtises. En même temps, les pharmaciennes dealent des masques à deux mètres du commissariat de Noailles. Comment voulez-vous qu’on s’y retrouve. Santé !

Commentaires

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  1. corsaire vert corsaire vert

    Je comprends mieux comment les passants ont des masques alors que le personnel médical, les caissières de super marché et autres professionnels au contact n’en ont pas !
    Ils ont été volés dans les hôpitaux par le personnel lui même …
    Hélas !nous ne sommes que des humains avides et sans scrupules prêts à s’enrichir sur la misère ….est-ce génétique ?
    Pour compléter vos citations de fake news en voilà une reçue d’un producteur de savon liquide que je pensais sérieus et qui m’a envoyé ceci pa

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  2. corsaire vert corsaire vert

    suite… fausse manœuvre :
    “On peut bien sûr utiliser une solution désinfectante à base d’alcool pour se nettoyer les mains mais ce n’est pas aussi efficace que l’eau et le savon.
    Une étude japonaise publiée en septembre dans le journal spécialisé « mSphere » a montré que le virus de la grippe a pu survivre dans des sécrétions de patients infectés même après avoir été exposé à un tel désinfectant pendant deux minutes. « Les propriétés physiques du mucus protègent le virus de l’inactivation, » détaille le Dr Ryohei Hirose, coauteur de l’étude. « Jusqu’à ce que le mucus soit complètement sec, l’infection peut rester sur les mains et les doigts même après se les être frottées avec un antiseptique. » Alors qu’avec un savon, le virus était inactivé dans les 30 secondes.
    L’eau savonneuse va déloger le virus de vos mains et vous en débarrasser.
    Le Dr Stephen Morse, professeur d’épidémiologie à l’université Columbia (USA) précise à NPR que « le coronavirus a une enveloppe de lipides autour de lui, comme un manteau qui maintient l’ARN à l’intérieur de la particule virale.
    Et le savon est un détergent qui peut briser les lipides ».
    Eau et savon liquide, c’est donc la recette gagnante, les désinfectants (avec au moins 60 % d’alcool) peuvent être réservés aux circonstances durant lesquelles on n’a pas accès à une salle de bains, comme les transports, par exemple.”
    je vous laisse juges …

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