Combien faudra t-il de vagues avant d’admettre que la Covid est là pour longtemps ?

Billet de blog
par MalMass
le 23 Sep 2021
0
Combien faudra t-il de vagues avant d’admettre que la Covid est là pour longtemps ?
Combien faudra t-il de vagues avant d’admettre que la Covid est là pour longtemps ?

Combien faudra t-il de vagues avant d’admettre que la Covid est là pour longtemps ?

Photo MalMass (licence CC :BY-NC-ND).

Il y a quelques jours, Libération faisait part de l’optimisme d’Olivier Véran, ministre de la santé, quant à l’évolution de la situation sanitaire. Déjà fin aout, le chef formel du gouvernement,  Jean Castex, estimait que “les choses [allaitent] dans le bon sens” grâce à la vaccination. Au même moment, Monsieur Vaccination, alias Alain Fischer, considérait que l’on n’était “pas très loin du retour à une vie proche de la normale”.

Beaucoup l’ont peut-être oublié dans notre monde de l’immédiateté sans mémoire, mais Jean Castex et Alain Fischer nous avaient déjà joué cette même mélodie au printemps dernier, avant de se heurter à la réalité de la vague épidémique de cet été qui, en métropole,  a particulièrement touché les départements littoraux, Bouches-du-Rhône et Corse en tête. Car en mars 2021, Alain Fischer annonçait déjà un retour à la normale pour l’été ou l’automne, tandis que Jean Castex déclarait le 10 mai : “Je le dis de la façon la plus claire : nous sommes enfin en train de sortir durablement de cette crise sanitaire.”

En réalité, sauf à être dans le déni ou dans l’optimisme béat, il serait temps d’admettre que la covid peut être là pour longtemps parce que l’ensemble de la population n’est pas vaccinée, ni en France, ni ailleurs dans le monde ; parce que l’ensemble de la population n’est pas vaccinable dans des délais courts ; parce que notre économie mondialisée est ouverte sur les autres pays et que le primat de l’économie oblige à la circulation des personnes ; parce que le virus mute sans arrêt et que certains variants peuvent être plus résistants aux vaccins ; parce que les vaccins eux-mêmes, n’empêchent pas le virus de circuler, ni certaines hospitalisations ; parce que l’immunité partielle acquise par la vaccination n’est peut-être pas durable ; parce que notre système de santé est à bout de souffle, à court de personnels et dans l’incapacité d’augmenter ses lits.

Un gouvernement responsable, qui ne se laisserait guider, ni par la peur du risque juridique, ni par les impératifs sondagiers pré électoraux, devrait tenir ce discours, en parole comme en actes. Il devrait chercher à organiser une façon de vivre durablement avec le virus, ce qui implique, par exemple, une obligation vaccinale assumée, des systèmes d’alerte permanents, sur la base de seuils connus et stables, avec des outils de préventions là aussi connus à l’avance et stables dans le temps. Au lieu de cela, c’est l’improvisation permanente, avec des règles qui changent à chaque nouvel épisode épidémique et des outils qui, à peine mis en place, ne sont pas mobilisés par les préfets et sont remplacés par d’autres par l’État.

Juridiquement, vivre avec le virus, c’est aussi sortir de l’état d’urgence sanitaire que l’État s’apprête à prolonger encore une fois au delà du 15 novembre 2021. Le 26 aout, le ministre de la santé déclarait que cette prolongation “pourrait arriver si le Covid ne disparaissait pas de nos vies dans les trois prochains mois”. Qui peut sérieusement croire que la Covid peut disparaître dans les trois mois ? Qui peut sérieusement croire qu’Olivier Véran lui-même ait sérieusement cru à son hypothèse ?

Sa prédécesseure, Agnès Buzyn, vient d’être mise en examen et, si la vérité n’est toujours pas connue, il est déjà acquis qu’elle a gravement menti,  soit le 24 janvier 2020, en rassurant les Français à la télévision en leur affirmant que les risques de propagation de la Covid étaient très faibles, voire quasi nuls ; soit lorsqu’elle a prétendu au Monde en mars 2020, puis devant les commissions d’enquête parlementaires, qu’elle avait conscience de la gravité de l’épidémie à venir dès le début du mois de janvier. Sa mise en examen devrait servir de leçon à nos ministres. On ne gère pas une crise majeure par le mensonge. Mais mentir gravement sur la Covid n’a pas empêché madame Buzyn d’être promue à l’Organisation mondiale de la Santé avec le soutien de la France. C’est dire si le chemin sera encore long…

Quelques graphiques pour conclure sur le situation des Bouches-du-Rhône. Les optimistes retiendront le recul marqué de l’épidémie au cours des dernières semaines qui leur laissera espérer la fin prochaine du 4ème épisode, même si, comme l’a rappelé récemment Didier Raoult, certains épisodes ont connu plusieurs pics.

Les moins optimismes retiendront que le niveau élevé de vaccination, notamment chez les plus âgés, n’a pas empêché de retrouver une circulation virale élevée et un nombre important d’hospitalisations, mêmes chez les plus âgés, pour qui le taux de vaccination avoisine les 85%.

Trop de simulations sur les évolutions futures possibles raisonnent, pour des raisons techniques, sur des comportements moyens et relativement homogènes mais la réalité est beaucoup plus complexe. Les réseaux sociaux des uns et des autres sont hétérogènes, comme la propension à se faire vacciner ou à respecter les gestes barrières. Il existe donc des espaces sociaux et territoriaux plus à risques que d’autres, qui pourraient favoriser l’émergence d’un nouveau pic épidémique si le virus actuel ou un variant venait à y pénétrer.

De ce point de vue, Marseille pourrait, encore une fois, être un point faible. Marsactu revenait récemment sur la sous-vaccination dans les quartiers nord et, selon les dernières données de Santé publique France, les Bouches-du-Rhône sont à la traine pour la vaccination, en particulier chez les plus jeunes, avec un taux de vaccination inférieur de 20 points à la moyenne nationale pour les 12-24 ans (50% de primo vaccinés, contre 69%) et 10 points chez les 25-29 ans.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire